Bien Aimée Patagonie...


Petits voyages dans les Andes et plaines de Patagonie. En alternant treks de 10 jours à pieds et trip de 10 jours en vélo.

Introduction:


" Traversée de la Patagonie, à pieds et en vélo, avec ma Bien Aimée ! "


Résumé du voyage en Patagonie :

C'est depuis Figeac et Toulouse, après avoir descendu en kayak sur 2.750 km la Grande rivière du Yukon et fait 6.000 km en vélo au Canada et en Alaska (de juin à septembre 2011), puis avec Delphine le GR20 (traversée de la Corse, en septembre/octobre) et des randonnées en vélo dans le Quercy (en novembre) que se fit le retour en Amérique en Patagonie pour 3 mois et demi où nous arrivons à Punta Arenas après 26 heures de vols et d'attente pour les correspondances. Le chemin patagonien débute alors le 17 novembre 2011 par le vélo à travers la pampa des grandes plaines patagoniennes où le vent souffle assez fort : il y a peu de végétations pour le retenir (seulement des arbustes et petits épineux) et le relief est assez doux, c'est aussi une terre de grandes estancias (fermes) et de pâturages pour les moutons et les vaches.

Très vite, après quelques jours de vélo, on arrive dans notre premier parc national, celui de Torres del Paine au Chili, pour y faire dix jours de trekking, sans guide, avant que la forêt de ce parc ne prenne feu en grande partie (c'est un des problèmes de ces parcs d'attirer beaucoup de touristes parfois inconscients, les feux de bois sont interdits mais comme on l'a vu certains ne s'en privent pas). La forêt mettra plusieurs dizaine d'années avant de redevenir la même. Les treks se font donc entre glaciers et montagnes, la cordillère des Andes s'étirant sur tout le continent américain avec les Rocheuses, au nord. Les vélos ne peuvent être gardés et on les cache donc dans un bois !

Ensuite on entame la remontée en vélo jusque El Chalten en passant par le glacier Perito Moreno, un des rares glaciers au monde qui avance encore mais pour des raisons géologiques sous-marine, ce glacier avance puis s'effondre subitement, par cycle, cependant les effondrements sont devenus très rares carcil avance moins justement, encore une preuve s'il en ai besoin du réchauffement climatique.

Les paysages sont vraiment merveilleux et après avoir longé plusieurs grands lacs on arrive enfin à El Chalten et au réputé Monte Fitz Roy pour les escaladeurs. C'est un plaisir de l'apercevoir de loin ! Quelle pointe sublime tirée vers le ciel. On trouve un charmant camping où il est possible de laisser " gracieusement " nos vélos pendant 15 jours, le temps de refaire des treks et une belle boucle à travers les glaciers, lagons de ce joli parc national Los Glacieres. S'enchaînent alors les passages dans les forêts, autour des cascades de glaces et les traversées à pied de rivières torrentueuses par des chemins peu marqués (voir pas du tout), de très bons souvenirs où l'on a la chance même de ne croiser personne pendant 4 jours, notre éblouissement devant ces splendeurs nous est donc bien gardé.

Puis nous passons avec les vélos au Chili par une frontière qui se traverse à pied (en portant les vélos) sur 8 km à travers la montagne des Andes et ensuite en prenant le bateau pour traverser le lac San Martin entouré de glaciers et rejoindre le joli village de Villa O'Higgins d'où commence la Carretera austral, route en grande partie encore non goudronnée. On poursuit donc cette route sur environ 700 km en passant par le magnifique village de Tortel au bord d'un fjord qui pourrait bien être classé un jour à l'UNESCO : pas de voitures ici, il est quasiment entièrement bâti en bois et sur pilotis, entretenu toutes l'année on y compte bon nombre de menuisiers, les portes en bois et sculptures sont très jolies et bien décorées. Puis on rejoint l'île de Chiloé où se trouve là plus d'une dizaine d'églises baroques (cette fois classées à l'UNESCO) magnifiquement construites en bois au XVIIIè et XIXè s. par les colons venus d'Europe, de vraies œuvres d'art !

De retour sur le continent, nous passons par Puerto Montt et son joli port pour passer ensuite de nouveau en Argentine par les lacs et volcans des Andes et arriver à San Carlos de Bariloche afin de faire 10 jours de treks dans le parc national Nahuel Huapi, le premier créé dans ce pays. Là nous montons à 2.000 m pour apprécier la vue sur le volcan Tronador enneigé et nous avons pour les derniers jours de la neige et de la pluie pendant 48 heures, la marche devra alors se faire dans l'eau d'un lac qui nous arrive aux genoux, par la traversée à pied de rivière en crue avec l'eau jusqu'aux hanches et en escaladant des parois rocheuses glaciales et glissantes avant d'arriver enfin au refuge Segré où l'on pourra sécher toutes nos affaires et apprécier un repas chaud, du vrai bonheur.

Pour finir ce petit tour en Patagonie, nous décidons de rejoindre par bus la ville de Mendoza où on loue l'équipement nécessaire pour l'ascension du Cerro Aconcagua, le plus haut sommet des Amériques, du nord et du sud, à 6.960 m. On y parviendra presque, à quelques dizaine de mètres, la nuit se faisant pressente, on décide de redescendre vers 21 heures afin de conserver un temps la lumière du jour pour le retour sur la Canaleta, chemin de glace à flanc de paroi, c'est magnifique avec le crépuscule, tout se passe très bien, les crampons accrochent parfaitement la glace. A défaut de retrouver notre refuge Berlin à la lampe frontale, on se trompe de chemin, quelques mètres seulement suffisent pour se perdre dans l'obscurité et c'est donc protégé de quelques pierres montées en un petit muret que nous passons une de nos dernières nuits à 6.100 m, sans abri sauf une couverture de survie. Le matin nous retrouvons facilement le bon chemin et terminons notre descente à 4.400 m puis enfin à 2.900 m, altitude de départ pour l'ascension qui est assez facile grâce à une bonne acclimatation et à nos précédents parcours.

Les Andes patagoniennes sont vraiment des régions idéales pour les randonneurs et amoureux de paysages de montagnes, de glaces, de la faune (renards, guanacos, cerfs, condors) et de la flore (toujours de très belles couleurs florales, passage dans des " forêts " de bambous qui sont idéales pour se trouver des bâtons de marche bien solides…).

C'est donc fin février que nous rentrons en France après environ 3.000 kilomètres de rando en vélo et 600 kilomètres de marche depuis Santiago du Chili où malheureusement je me fais voler mon sac à dos… Ne restant plus que le vélo (sans aucun matériel), je décide de retourner plus tôt en France et de rejoindre Delphine qui devait y retourner pour son travail. La route ne se finira pas en vélo comme prévue normalement jusque fin mars à Lima, dommage, il n'y aura pas cette fois-ci la traversée du désert de l'Atacama, du lac Titicaca et la visite du Machu Picchu. Mais d'autres projets sont déjà en tête, dans deux ou trois ans avec une traversée en bateau de l'Atlantique ou de la Méditerranée ou plus simplement une autre balade à pieds et/ou en vélo ? En attendant toujours de belles balades à faire notamment dans le Quercy !




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Triste affaire à la fin de ce voyage, malheureusement ! Je me fais voler mon sac à dos avec toutes les cartes SD (sauf celle depuis Mendoza, restée dans mon sac banane avec l'appareil photo) et donc toutes les photos, même si Delphine en a sauvegardé une grande partie (sauf les premières et celles notamment dans le PN de Torres del Paine). C'est donc bien dommage, le carnet de route disparaît également ! Ainsi que tous les vêtements et matériel de vélo nécessaires pour la suite du voyage qui était encore prévu (désert d'Atacama, Cuzco et le Machu-Picchu…) jusqu'au 28 mars.

On est le 28 février et Deph devait rentrer en France, on attendait donc dans un terminal de bus à Santiago du Chili, ça faisait 10' que Deph était là pendant que je regardais dans les cybercafés pour éventuellement prendre un billet de retour en même temps que ma douce. Je reviens vers elle, pose mon sac à dos à côté des vélos et parle à Deph quelques secondes pour dire que tous les postes internet sont pris et que je regarderais à l'aéroport, puis on s'embrasse 5 secondes, Deph ferme les yeux, mon sac est derrière mon dos à deux mètres, puis je me retourne pour aller prendre à boire à l'intérieur du sac qui s'est… volatilisé ! Personne avec. Beaucoup de monde, beaucoup d'issues, je fais un tour avec le vélo dans l'espoir de retrouver le " criminel ", mais rien, 700 euro en espèce aussi parti, le carnet, les souvenirs… C'est la première fois qu'on me vole des affaires en deux ans de voyage ! Le fait d'être avec quelqu'un nous distrait et sans doute cette personne était déjà là, pour prendre un sac à Deph… pendant que je n'étais pas là, et à profiter de l'occasion lorsqu'on s'embrassait !

Les distances, souvenirs notés ci-dessous sont donc en grande partie tirés du carnet de Deph mais il risque d'avoir beaucoup de " trous ", et l'orthographe n'est pas la même, les impressions n'ont plus, mais ça laisse quand même quelques souvenir de ces trois mois en Patagonie. Dommage, de ce fait je refait le jour même le passeport au consulat de France et prend l'avion le lendemain pour retourner en France, le prix du billet est de 1.000€ et le prix du matériel à racheter… serait au moins le même et pour faire seulement un mois de plus cela n'en vaut pas vraiment la peine. Bref c'est 3.000€ qui se sont volatilisés en 10 secondes (700€ en espèce, comme j'avais retiré en Argentine avant pour les zones rurales où on ne trouve pas de distributeur et comme je garde toujours 300€ aussi au cas où je perds la CB, et environ 1300€ de matériel, à cela il faut ajouter le prix du billet d'avion pris trop tôt alors que j'avais déjà celui du retour du 28 mars, soit encore 1200€).

C'est donc avec la boule au ventre d'avoir perdu mes écrits et photos, des souvenirs, que je fais le trajet de retour en France avec juste le vélo et le sac banane comme bagages. J'aurais préféré qu'il ne fasse pas ça derrière mon dos mais face à moi, un peu de courage, mais non, encore une fois les Hommes me prouvent leur lâcheté, où qu'ils soient. Dorénavant le carnet et les cartes SD resteront toujours sur moi en voyage et il faudra venir me les prendre ! Ce voyage se termine donc en queue de poisson pour ma part, comme un retour en arrière et à la case départ, c'est assez désagréable de se dire que j'ai loupé un mois de voyage " à ma façon ", c'est-à-dire comme avant, lorsque j'étais seul, en faisant de grandes distance (plus que 150 km par jour) grâce à un sac à dos léger. Je pensais aussi en rentrant faire un tour dans le mois d'avril en Espagne/Portugal ou dans le nord de l'Italie/Suisse/Croatie/Carpates de Roumanie mais, assez dégouté, je préfère laisser tomber et rester à Aix avec ma douce et voir de la famille en vélo dans le sud-ouest, et en avril reprendre le travail, un mois plus tôt que prévu pour rattraper les " dégâts " fait par ce vol au porte-monnaie.


Chronique 1 : De Figeac-Toulouse-Punta Arenas au PN de Torres del Paine


" A travers la Pampa chilienne ", environ 385 km en vélo.

Photos:
https://photos.app.goo.gl/ora5A1HgSH4eLzdf7

Je 17/11 : Figeac - Toulouse - Santiago du Chili - Punta Arenas, 26 heures d'avion et d'attente dans les aéroports pour les différentes connexions et 20 km en vélo de l'aéroport de Punta Arenas au centre ville (à l'écart).
Ve 18/11 : Punta Arenas, " repos "
Sa 19/11 : Punta Arenas - un peu avant le Lago Blanca, 80 km
Di 20/11 : u  peu avant le Lago Blanca- 10 km après le Rio Penitente, 80 km
Lu 21/11 : 10 km après le Rio Penitente - 15 km avant Puerto Natales, 80 km
Ma 22/11 : 15 km avant Puerto Natales - 15 km après Puerto Natales, 30 km
Me 23/11 : 15 km après Puerto Natales - 10 km avant l'entrée du SO du PN de Torres del Paine, 65 km


Le Je 17/11 : vol Toulouse, Madrid, Santiago, Punta Arenas, environ 26 heures de trajet et correspondances. On part en vélo à Figeac et c'est la bonne blague quand on arrive à la gare ferroviaire car la ligne est en travaux, il faut donc faire environ 10 km pour rejoindre la gare de Capdenac ! Enfin on arrive entier et juste à temps pour ne pas le louper. Puis à Toulouse on circule en vélo jusque l'aéroport de Blagnac pour prendre un petit coucou pour rejoindre Madrid.
Encore un bon moment à Toulouse puisque, en dépit d'avoir payé 75€ pour le transport du vélo, la compagnie aérienne n'a pas de plastiques pour emballer nos vélo ! Mais en râlant… on arrive quand même à en obtenir, il ne manque plus que le scotch et là encore il faut râler, comme tout bon français, j'y arrive facilement surtout quand on arrive deux heures en avance et que tout ça se passe 30' avant le décollage de l'avion, on nous avait auparavant certifié que les vélos partiraient dans un espace à part et que l'emballage n'était pas nécessaire… Enfin.
A Madrid, on fait une petite pause de plusieurs heures avant de prendre un avion pour rejoindre Santiago (l'aéroport de Madrid est énorme, qu'est-ce qu'on marche entre les terminaux et les différents gates).
Puis on arrive à Santiago du Chili, enfin, on passe la douane et je suis sanctionner pour l'importation illicite d'une mandarine (venue de Figeac que j'avais oublié de déclarer) ! Pendant 30' c'est donc un " jeu " entre moi et la douane, grosse question du style " qu'est-ce que vous faîtes avec cette mandarine ? ", " Pourquoi ne l'avez-vous pas déclarée ? "… Est-ce une bombe ? Non, c'est seulement qu'au Chili il faut déclarer toute introduction de produit agricole, soi-disant pour éviter la contagion de leurs cultures par un vers, mais en fait il semble que ce soit surtout aussi un moyen de limiter des importations notamment d'Argentine. Bref tous les sacs passent au scanner.
C'est donc juste à temps que l'on arrive à prendre l'avion pour Punta Arenas, d'autant plus que les vélos, sur les vols intérieurs, et les bagages, ne suivent pas. On s'en rend compte par hasard quand Deph voit les vélos sur le tapis roulant ! Pff, il faut donc repasser par l'enregistrement, resctocher les vélos… Ouf on arrivera quand même tous " sain et sauf " à Punta Arenas, à son aéroport situé à une vingtaine de kilomètres du centre ville. Le décalage horaire n'est que de 4h (en moins) par rapport à la France.
A Punta Arenas, on va dans une hopedajé (il y a plusieurs concepts de " résidence " au Chili et en Argentine : hopedajé, hosteria, hotel, hostel, auberge, habitation, residencia), ici on est logé dans une chambre comme à l'hôtel sauf que c'est dans une grande maison de famille et on prend le petit déj tous ensemble. C'est cool. On fait aussi des courses pour manger une bonne salade, je trouve aussi une excellente couturière qui me répare la fermeture éclaire du blouson qui s'était déchirée, de manière inconnue, dans l'avion ; la réparation ne coûte pas très cher en plus !

Le Ve 18/11, journée de repos, encore à Punta Arenas, raccommodage du blouson, petit resto…

Le Sa 19/11, on décolle vers 10h15 de Punta Arenas après un petit tour en vélo encore avec Deph pour voir le port et le canal de Magellan, il fait toujours beau et pas trop frais, ce serait parfait s'il y avait moins de vent mais c'est la Patagonie ! Avec une belle vue sur les montagnes des Andes et ses neiges-glaciers.
Le soir on dort après quelques kilomètres près d'une estancia, l'endroit est sympa et on a une petite visite d'un zorro, sorte de renard mais de la taille d'un chien (donc plus grand qu'un renard de France).

Le Di 20/11, le temps est toujours un peu humide, avec du vent. En fait il n'y a pas tant de vent que ça c'est surtout qu'il n'y a " rien " pour nous en protéger ! C'est la pampa patagonienne. C'est donc un peu dur pour Delph mais on fait quand même 80 km de vélo, ce qui n'est pas mal avec un sac à dos pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude de pédaler ! Quel courage !
J'ai un peu faim (manque de sucrerie) mais par chance on rencontre un groupe d'argentins motards qui nous offrent gentiment des barres de céréales et du chocolat ! Est-ce du à la présence de ma charmante compagne ? Car en ce dimanche il n'est pas facile de trouver un petit ravito, surtout dans le " désert " de la pampa !
Le soir on se trouve difficilement un endroit au calme et à l'abri (notamment du vent) pour dormir un peu avant le Lago Blanca.

Le Lu 21/11, il y a encore du vent (toujours pour les mêmes raisons), on avance tout doux sur une route relativement droite dans des paysages ouverts et de larges étendues. On se trouve une cafétéria avec sandwichs.
Le soir on se trouve un bon petit lieu de dodo dans un des seuls bois croisés dans la journée, ça ressemble beaucoup pour moi à la savane africaine, c'est de petits arbustes.

Le Ma 22/11, on repart le matin pour finir les 10 km qui nous tiennent de Puerto Natales, c'est une petite jolie ville assez tranquille qui sert de " camp de base " mais est éloigné quand même du PN de Torres del Paine, malheureusement, à près de 100 km (contrairement à El Chalten qui est aux abords vraiment du PN Los Glaciares, une des raisons pour laquelle ce dernier PN est préféré des randonneurs et des escaladeurs, pour le ravito). Les chiliens rivalisent donc difficilement avec les argentins. Quelques touristes quand même, et la saison estivale n'est pas encore tout à fait commencer…
On trouve à Puerto Natales du gaz, de la nourriture bien sûr (on se fait une bonne salade sur la place publique), on passe au téléphone, sur internet… Et on repart avant la tombée de la nuit pour faire encore 15 petits kilomètres pour trouver un lieu de dodo près d'un petit ruisseau et le long de quelques arbustes. Beau couché de Soleil et une belle journée.

Le Me 23/11, après encore quelques petits kilomètres sur le goudron, on entame la piste et la route en gravier. Je suis habitué et ça ne me fait plus grand-chose malgré un sac chargé, par contre c'est beaucoup plus difficile pour Delph, et ça se comprend, la pauvre, pour son six ou septième jour sur un vélo je l'emmène déjà dans des endroits difficiles ! En plus pour corser le tout, ça monte et ça descend ! Imaginez-vous un peu ? C'est donc dur. Beaucoup de vibrations.
On recroise aussi un français, Vincent, qui nous a surnommé les " tortues géniales " à cause du sac à dos (et des tortues ninjas, avec le bâton). Les paysages sont de plus en plus jolis, c'est la montagne qui l'embellie.
Le soir on trouve difficilement un squatt près d'un petit lac, c'est chouette quand même ! La vie est belle même si les vélos ne volent pas tous, heureusement, on garde les pieds sur Terre…


Chronique 2 : trail dans le PN Torres del paine


" Petit tour dans le PN de Torres del Paine ", environ 175 km à pieds

Photos:
https://photos.app.goo.gl/kLkQi8HtE2tiwoR56

Je 24/11 : 10 km en vélo jusque l'entrée du PN Torres del Paine et 8 km de marche jusqu'au campamento Las Carretas
Ve 25/11 : campamento Las Carretas - refuge Paine Grande, 10 km
Sa 26/11: refuge Paine Grande - campamento Britanico, 13 km
Di 27/11: campamento Britanico - camping Los Cuernos, 13 km
Lu 28/11 : camping Los Cuernos - campamento Japones, 20 km
Ma 29/11 : campamento Japones - spot après la hosteria Las Torres, 18 km
Me 30/11 : spot après la hostera Las Torres - spot avant le refuge Dickson, 25 km
Je 01/12 : spot avant le refuge Dickson - campamento Los Peros, 15 km
Ve 02/12 : campamento Los Peros - campamento Los Guardas, 18 km
Sa 03/12 : campamento Los Guardas - spot au bord du Lago Pehoe, 17 km
Di 04/12 : spot au bord du Lago Pehoe - CONAF - spot au bord du lac Porteno, 15 km à pied et 35 km en vélo

Le Je 24/11, on arrive enfin à l'entrée du premier PN de Patagonie que l'on avait souhaité visiter en randonnant à pieds, on va donc chercher à se " débarrasser " des vélos, humm, ce n'est pas facile, déjà il y a un bon vent ! Et il faut payer l'entrée du PN à 25€ par tête, geste toujours difficile quand on voyage en vélo ou à pieds, par ses propres moyens (sans moteurs) et son seul courage. Quand le capitalisme arrive à vouloir chercher du profit partout même là où la Nature était assez contraignante pour que les Hommes l'aient oubliée, un temps seulement malheureusement. Ces beaux espaces maintenant synonyme de liberté sont aussi dans l'estomac de la rentabilité et du profit sous couvert de protection fictive de l'environnement (d'ailleurs le PN brûlera en grande partie quelques semaines après notre passage à cause d'un touriste, et du vent…).
On a du mal à trouver un moyen pour quitter les vélos, et le fait de ne pas parler du tout espagnol n'aide pas, peu de personnes parlent anglais et encore moins le français. Dommage de n'avoir jamais étudié cette langue et de n'y avoir donc aucune base ! On finit donc par les camoufler dans les arbustes à quelques pas du début du trek. On marche ensuite deux heures environ avant d'arriver au premier campamento, c'est joli, calme mais Delph est un peu fatiguée (problème de perte de fer lors des règles). Quel courage.

Le Ve 25/11, il pleut et delphine est bien fatiguée pour dormir jusque 15h. on finira par décoller à 16h, impatient comme je suis de continuer à découvrir. Après 10 km environ de marche difficile pour delph, on arrive au refuge où on recroise vincent qui a déjà fait son W (c'est toujours plus rapide seul qu'à deux).
Le chemin est assez joli mais ça reste très fréquenté, il y a de beaux arbustes aux fleurs rouges, le beau lago Pehoe. Delph note sur son carnet que les chiliens sont des gens très sympathiques et honnêtes, une belle boutade et pied de nez avec le vol de mon sac à Santiago où j'en ai pour 5000€ de perdu…
Les repas sont essentiellement fait de soupe de pâtes ou de semoule pour le soir avec quelques légumes à l'occasion. Des biscuits, du pain avec jambon et fromage, du beurre de cacahuètes, du chocolat et autres sucreries.

Le Sa 26/11. On s'en va tard car delph a encore besoin de repos et qu'il pleut. A 13h nous sommes en marche jusqu'au campamento Italiano et ensuite au campamento Britanico par la valle del Frances. Il n'y a personne au campamento qui est gratuit, il y a de beaux emplacements qui ont été aménagés avec des cailloux et de gros troncs.
Delphine est toujours aussi fatiguée, elle a du mal, pas habitué à ce rythme et ce type de voyage. Ca reste une belle journée ensoleillée. Le dodo se passe donc au calme au bord d'une rivière comme souvent, c'est pratique pour le repas…

Le Di 27/11, il fait beau et le réveil n'est pas trop tardif, mais on met toujours dans les deux heures pour s'en aller, faut dire qu'avec une fille il y en a des affaires à ranger… : les duvets, les vêtements de la nuit, le petit déjeuner, la vaisselle, se laver les dents, le lavage de la culotte…
On monte sur un point de vue, jolie, sur les Torres (des roches qui ressemblent à des tours autour d'un cirque et qui ont donc donner le nom au parc Torres del Paine), puis c'est la descente du W après le campamento Italiano on longe le Lago Nordenskjöld jusqu'au refuge et camping Los Cuernos. Ce qui fait environ 12-13 km aujourd'hui. La nuit on paye 10€ environ par personne pour planter la tente, avoir une douche et l'accès au WC. Petit apéro de fille avec un litre de vin, du saucisson et des biscuits.

Le Lu 28/11, Delph retrouve de l'énergie (il était temps) et il fait beau aujourd'hui, on continue à longer le joli lac Nordenskjöld, on passe au campamento Chileno puis au campamento Torres dans une belle forêt et on remonte au Mirador Las Torres, c'est un peu couvert sur les tours mais c'est chouette. On redescend et on continue à marcher jusqu'au bout de la branche pour dormir au campamento Japonès normalement réservé aux escaladeurs mais il n'y a personne. Repas et dodo.

Le Ma 29/11, c'est encore la redescente aujourd'hui, tant mieux pour Delph qui peut se reposer comme elle a toujours du mal à dormir et me rejette toujours la faute de son problème… Elle peut en profiter pour laver ses culottes. On passe près d'un hôtel où on fait des courses chères… Du coup on continu pour dormir dans un " squatt " c'est-à-dire que normalement le camping sauvage est interdit mais pour compenser ces achats douloureux de nourriture on préfère ne pas payer encore 20€ pour le dodo.

Le Me 30/11, la journée commence tôt car je ne veux pas qu'on se fasse " prendre " (les amandes pourraient nous coûter cher aussi). Le départ se fait donc à 7h15 et on fait une pause et le petit déj pour Delph un peu plus loin, à 8h. On longe le Rio Paine, et les paysages sont magnifiques ! Il n'y a pas âme qui vive en cette belle journée. Puis après un pass on se retrouve face ouest et face au vent, ça souffle bien sur la crête !
Le soir nous n'avons plus de gaz, c'est donc dur quand on a tout prévu pour manger avec le chaud, différemment de ma manière de faire, seul, en mageant froid, en étant léger et en étant rapide et efficace. Là on a plus de poids,…moins de mobilité et des fois ça coince mais la nourriture est chaude ce qui est important pour certain. Tant pis pour ce soir.

Le Je 01/12, depuis le lieu du dodo on a une belle vue sur le glacier Dickson, juste quelques nuages mais le temps est clair, petite toilette à la rivière fraîche et préparatifs du matin pour partir vers 11h comme trop souvent. Petit retour en arrière pour récupérer les lunettes de Soleil de Delph qui se fait bien charmer (et ça lui plaît) par un des chiliens qui a failli l'embrasser, tous les mecs sont donc pareil, c'est fou alors que je suis avec ! Ca me met vert de rage mais delph trouve ça tout à fait normal et se laisse faire devant mes yeux. Suis-je tombé amoureux de la bonne personne ? Encore aujourd'hui, 15 mois après en écrivant cela je me le demande.
Au campamento du soir on trouve du gaz, le soir on mange avec des suissesses et du gaz donc chaud pour le grand bonheur de Delph.

Le Ve 02/12, journée de marche la plus difficile pour Delph, la plus belle pour moi. Le départ se fait vers 11h où on grimpe jusqu'au Paso Gardner, avec un bout dans la neige, moment inquiétant pour Delph, amusant pour moi surtout que le Soleil est là et l'arrivée au sommet permet de voir l'ensemble du glacier Grey, c'est magnifique ! La journée se termine au campamento Los Guardas vers 19h30.

Le Sa 03/12, le réveil se fait vers 7h30 avec une belle journée encore. On part vers 10h et on longe le glacier Grey. On croise beaucoup plus de monde maintenant que l'on retrouve le W. On passe au refuge Grey et on retrouve après le refuge Paine Grande après un joli passage dans une vallée entre collines. On finit par retrouver Los Torres avec internet puis on finit par trouver un beau squatt au bord du Lago Pehoe. Soupe de pâtes le soir…

Le Di 04/12 après une bonne nuit au bord du Lago Pehoe et la belle vue matinale sur les Torres, la journée est encore belle. Le départ se fait vers 11h et on croise peu de monde sur le chemin du retour, peu emprunté comme les touristes préfèrent arriver directement en bateau sur le W.
On retrouve nos vélos qui étaient bien planqués ! Ed les a bien surveillé, on fait un bon repas puis on repart sur les vélos, enfin, ça fait du bien au dos, le sac paraît moins lourd, le poids se répartit mieux. On roule environ 35 km, c'est de nouveau assez difficile pour Delph à cause de la route défoncée en gravier.
Le tour du PN Torres del Paine a du faire environ 175 km à pieds en 11 jours, le W n'a pas beaucoup d'intérêt même si c'est le plus touristique, le meilleur était derrière et avec le passage au glacier Grey en suivant le Rio Paine.
Une jeep s'arrête pour nous prendre mais on n'en a pas besoin. On s'arrête vers 20h15, le vent est aussi de retour.



Chronique 3 : Du PN Torres del Paine à El Chalten


" Retour dans la savane patagonienne ", environ 800 km en vélo.

Photos:
https://photos.app.goo.gl/CCujmoivB6vZQhhX7

Lu 05/12 : spot au bord du lac Porteno - quelques km après la frontière Chili/Argentine après Cerro Castillo, 59 km
Ma 06/12 : après Cerro Castillo - sur la route 40, près de l'estancia El Tero, 89 km
Me 07/12 : Estancia El Tero sur la route 40 - spot Rio Bolte 75 km
Je 08/12 : spot Rio Bolte - El Calafate, 44 km
Ve 09/12 : El Calafate - 5 km avant l'entrée du PN Los Glaciares, 52 km
Sa 10/12 : avant l'entrée du PN Los Glaciares - idem (AR au glacier Perito Moreno), 65 km
Di 11/12 : après l'entrée du PN Los Glacieres - au bord du Rio La Leona, 100 km
Lu 12/12 : au bord du Rio La leona - sur le Rio Cangrejo, 109 km
Ma 13/12 : sur le Rio Cangrejo - El Chalten, 65 km

Le Lu 05/12, il fait encore un temps splendide, le départ se fait vers 10h et on retrouve la piste qui est belle à cet endroit là avant Cerro Castillo surtout que le vent est plutôt dans le dos ! La route est entourée de collines et on croise des lamas et condors. Juste avant la frontière la route redevient goudronnée, on passe la frontière ensuite pour arriver en Argentine à Cerro Castillo où on fait un petit tour sur internet à la bibliothèque et à son petit musée, on va aussi dans une petite épicerie où on fait le plein de courses pour trois jours. Et oui, on est chargé et donc on va moins vite et il nous faut plus de temps pour rejoindre le ravitaillement suivant.
On s'arrête quelques kilomètres après le passage de la frontière dans une petite vallée dénudée où seules quelques vaches viennent brouter le peu d'herbes qu'il y a…

Le Ma 06/12, on se réveille vers 8h comme d'habitude avec le Soleil encore aujourd'hui, quelle chance. Le départ se fait encore comme d'habitude vers 11h. On retrouve une portion de route 40 goudronnée, ça avance vite avec le vent dans le dos mais ensuite on retourne sur la route en gravier bien bombée, mais ça passe plus vite grâce au vent toujours de dos. D'ailleurs le vent est sacrément fort ce qui est un peu dangereux. On rencontre un couple de québécois qui a le vent de face, chacun son tour, ils sont lourdement chargés avec les sacoches, c'est dur pour tout le monde (ils viennent de Puerto Montt et vont jusque Ushuaia).
Delph s'éclate sur cette partie avec le vent dans le dos, c'est la mobylette, même pas besoin de pédaler… Belle journée sous le signe du vent et dieu Eole.

Le Me 07/12, encore un réveil avec le Soleil, toilette au ruisseau, petit déjeuner et rangement du matin, et encore une crevaison juste après le départ… Aujourd'hui le vent est bien là encore mais de face, la route à légèrement bifurquée et le vent aussi. Mais après 20 km on retrouve la route asphaltée, c'est donc toujours plus agréable, dommage que le sac soit si gros et lourd, c'est très dur pour Delph qui a du mal à rester dans ma roue et ça l'énerve.
C'est encore les mêmes paysages que les autres jours avec des plaines et collines pelées, des moutons, la vue au loin sur les Andes patagonienne aux sommets enneigées, sans grandes forêts, que quelques arbustes parfois et on peut donc se demander s'il n'y a pas eu des zones déforestées ? N'y avait-il pas auparavant une sorte de savane ?
On fait pour terminer la journée une belle descente dans la vallée d'El Calafate où on trouve en bas un squatt à côté du Rio Bolte.

Le Je 08/12, le réveil est matinal, à 6h, pour arriver de bonne heure à El Calafate, éviter le vent qui se lève en général vers 11h… On arrive donc à El Calafate vers 10h30, c'est une petite ville très touristique avec les tours dans les glaciers environnants et notamment au Perito Moreno. On commence par prendre un plan de la ville à l'office de tourisme, on retire des sous, on donne des affaires à laver, on fait les courses, on mange une bonne salade, on va sur internet, au téléphone, déambulation dans les rues, de nouveau les courses, on reprend le linge propre, petit restau, et retour au dodo dans une chambre d'une auberge de jeunesse en quelque sorte. C'est ce que j'appelle une " journée de repos " ce qui a le mérite d'étonner Delph…
Il fait maintenant nuit vers 23h et le jour se lève vers 4-5h.

Le Ve 09/12, le matin on traîne car il y a beaucoup de courses (attention quand on les fait avec une fille) à ranger dans les sacs… Ca fera encore pas mal de poids… pour seulement deux jours alors que seul l'aller-retour se ferait en une journée. Mais bon. Les sacs sont plein à craquer avec les fruits et légumes et ce n'est pas forcément très énergétique, ce qui me provoquera une douleur à l'épaule droite (qui est toujours un peu fragile depuis la chute à cause d'une porte de voiture en 2005 à Bordeaux).
On part donc au glacier Perito Moreno, la route est goudronnée et ça roule bien malgré le surpoids. Puis le vent se lève, toujours avec la dominante de l'ouest et on l'a donc en pleine face. On arrive à l'entrée du PN vers 17h30, ce qui est trop tard pour faire les 30 km restant pour aller au glacier et on n'a pas le droit, en théorie, de camper à l'intérieur des limites du PN (ni à l'extérieur d'ailleurs). On fera donc du camping sauvage, comme souvent heureusement, au bord d'une rivière, c'est calme même si c'est à côté de la route. Un peu de repos donc en attendant le dodo et on a de quoi manger une bonne salade !

Le Sa 10/12, après une bonne nuit de sommeil on a encore largement de quoi faire un petit-déjeuner très copieux, on va finir par prendre du gras et du poids avec une fille en voyage, bonne salade de fruits et œufs brouillés aux carottes… Le départ se fait donc après les rangements, la vaisselle… vers 11h, le temps est humide et couvert, on aura même de la pluie pendant une heure mais le beau temps reste là.
Il fait frais pour le déjeuner face au glacier Perito Moreno (du nom d'un explorateur argentin, payé par le gouvernement pour soumettre les tribus autochtones et trouver des routes passant par des cols afin de faire la guerre au Chili), et après un bon café soluble on part faire le tour touristique face au glacier. C'est impressionnant, on voit bien des blocs de glace, le glacier est atypique car il avance et recule au gré du réchauffement à cause des frottements des courants du lac sur ses parois, preuve du réchauffement climatique encore car il s'écroule de moins en moins souvent, car il avance moins vite. Le parcours à pieds est sympa.
On repart du glacier avec les vélos vers 18h pour retourner au même lieu du dodo, au bord de la rivière, de la veille. La route est sinueuse et escarpée, c'est jolie et agréable comme elle est goudronnée, on divague donc tout autour de collines et sommets enneigés. Le soir encore une bonne salade ! et une bonne nuit sous les étoiles.

Le Di 11/12, c'est une bonne petite journée, après les rangements habituels du matin on part à l'heure habituelle, environ 10-11h avec le vent dans le dos ce qui nous amène rapidement à El Calafate, la route est agréable et jolie en longeant le Lago Argentino même s'il y a un peu de circulation, route goudronnée aujourd'hui.
On arrive vers 12h30 à El Calafate, internet, café, téléphone, courses encore.
On retrouve ensuite la route direction El Chalten, le vent toujours dans le dos sur 30 km environ encore comme on va vers l'ouest puis de ¾ face comme on bifurque pour remonter vers le nord-ouest, c'est tout de suite plus dur, chargé comme des baudets !
Bonne journée de pédalage pour Delph de 100 km, on finit par s'arrêter à un rare point d'eau, lorsque la route croise la rivière du Rio Leona. Delph apprécie le moyen de locomotion à deux roues, sans moteur, surtout quand le vent est favorable, car ça permet de s'arrêter où on veut, d'aller à un rythme tranquille, de prendre des photos et d'apprécier plus facilement le paysage (les contraintes sont physiques et climatiques, surtout que c'est moi qui m'occupe des réparations).

Le Lu12/12 encore une grande journée pour Delph même si elle la finit bien fatiguée, ce qui lui fait avoir quelques coups de colère à mon égard, car je suis moins inquiet qu'elle, surtout en fin de journée, comme il nous faut continuer plus tard que d'habitude pour rejoindre une rivière et ainsi pouvoir faire notre campement.
Le vent est assez souvent défavorable encore aujourd'hui comme on remonte vers le nord-est et l'ouest, on prend le départ vers 9h30, quelques progrès de ce côté cette fois-ci. On quitte le Lago Argentino par une dernière belle perspective après avoir remonté le Rio Leona le long de collines dénudées de végétation, la journée est assez chaude. On prend un casse-croûte au bord du Rio Turbio après une belle descente, quelques lamas aussi et une autre pause dans une Estancia, et on repart pour longer le Lago Viedma, en route toujours goudronnée vers El Chalten où on a une vue constante du magnifique Monte Fitz roy qui est à découvert de quelconques nuages.
Le soir on arrive donc au Rio Cangrejo pour le campement et l'eau, passage au-dessus de barrière, beau spot, petite toilette…et bon dodo malgré la fatigue et les représailles de Delph pour cette journée qui lui a été dure encore.

Le Ma 13/12, le temps est définitivement encore fantastique, on se lève tôt pour essayer de profiter de la matinée et de la force du vent qui y est moindre. Le Fitz Roy est encore bien dégagé, beau spectacle tout au long de la route en vélo, le départ se fait donc vers 9h et on arrive après 65 km de vélo environ et 4h de pédalage à El Chalten vers 14h après quelques pauses.
Il y a peu de monde sur la route. Arrivés à El Chalten on visite l'office de tourisme du PN et son petit musée, on va sur internet, des courses, un pic nique, et on va trouver un camping qui s'avère être très agréable et un bon camp de base pour nos randonnée à pieds dans le PN et y laisser les vélos (gratuitement même ! on laissera quand même une boîte de chocolats !).
Cette petite ville, village, est bien sympathique, le cadre est magnifique, c'est un beau camp de base qu'utilise beaucoup d'escaladeurs venus de Buenos Aires, du nord du Chili, d'Europe, du Japon et de Corée du sud ou encore du Brésil… Ca fait pas trop " agences touristiques ", on trouve des petites boutiques, de petits restaurants… Rien à voir avec Torres Del Paine ou El Calafate. La vie y est agréable et l'ambiance bonne, on y gardera un très bon souvenir, pourvu que dans 1à ou 50 ans cela n'est pas trop changé avec l'afflux de touristes.



Chronique 4 : Autour du Fitz Roy, PN Los Glacieres


" Petit tour dans le PN Los Glacieres, autour du beau Monte Fitz Roy ! ", environ 160 km à pieds.

Photos:
https://photos.app.goo.gl/PkPvWD7aqE1FJ9yz9

Me 14/12 : camping El Refugio à El Chalten - campamento Poincenot, 11 km
Je 15/12 : campamento Poincenot - camping Piedra Del Fraile, 8 km
Ve 16/12 : camping Piedra Del Fraile - idem, 18 km
Sa 17/12 : camping Piedra Del Fraile - campamento Lago Capri, 18 km
Di 18/12 : campamento lago Capri - camping El Refugio à El Chalten, 16 km
Lu 19/12 : camping à El Chalten - campamento Lago Toro, 18 km
Ma 20/12 : campamento Lago Toro - refuge Paso del Viento, 14 km
Me 21/12 : refuge Paso del Viento - campamento Paso Huemul, 18 km
Je 22/12 : campamento Paso Huemul - bord du Rio Tunnel, 22 km
Ve 23/12 : bord du Rio Tunnel - camping El Refugio à El Chalten, 14 km
Sa 24/12 : El Chalten, " repos "

Le Me 14/12, le matin c'est le repos et une grâce matinée, Delph en a besoin. Le temps est encore merveilleux, les sommets sont enneigés. Petite lessive et petite douche, salade à 14h et on fait des préparatifs pour la future marche autour du Monte Fitz Roy dans le PN d'El Chalten Los Glaciares. Les propriétaires ou gérants du camping sont bien sympas et gardent nos vélos gratuitement pour 5 jours avec deux sac d'affaires diverses dont on n'a pas besoin.
On commence la petite marche un peu avant 18h et on recroise la famille Maynard (un couple et deux enfants français) partie en camping-car pendant un an dans les Amériques. La marche est agréable avec une belle vue sur le Monte Fitz Roy qui culmine à 3405 m environ et qui sert encore de frontière entre le Chili et l'Argentine (la frontière passant par la plupart des sommets de la Cordillères des Andes en Patagonie).
Le panorama est grandiose et dégagé et on arrive un peu avant 21h au camping Poincenot (il y a beaucoup de noms de français dans le coin car beaucoup sont et viennent encore pour escalader le Fitz Roy. On monte la tente, toilette, salade, vaisselle… Les classiques du soir.

Le Je 15/12, la journée est tranquille aujourd'hui, le réveil est tardif, 10h et on ne part donc que vers midi. Il fait toujours un temps superbe. On suit le Rio Blanco, passage au Lago Piedras Blancas et son glacier, bien joli, et on continue la marche tranquillement à travers la forêt où on s'arrête vers 19h au camping de la Piedra del Fraile. Bref, seulement 3h30 de marche étalée sur toute l'après-midi et pas mal de pause.
Installation du soir, polenta en soupe avec des carottes, un poivron (un délice mais rien que d'y repenser maintenant…), la nuit est bonne.

Le Ve 16/12, le temps est un peu plus couvert mais il fait toujours beau, après une bonne nuit et un bon petit-déjeuner on attaque la rude montée vers le col del Cuadrado, environ 600 m de dénivelés. Là haut le Mont Fitz Roy est dans les nuages cette fois-ci. Il y a beaucoup de nuages et de traces d'avalanches, du coup ce n'est pas possible de monter jusqu'au col mais un israélien tente par une autre voie l'ascension finale.
On déjeune tranquillement et on redescend dans la poussière… Au niveau du camping on longe la rivière Electrico jusqu'au Lago Electrico dans des paysages de champs de cailloux et de cascades. C'est une belle journée. On monte jusqu'au point de vue sur le Lago et le glacier attenant Fitz Roy Norte où on trouve un américain et retour jusqu'au camping où on avait laissé la plupart de nos affaires, la journée fut donc légère, douche dans les temps, lessive et pâtes.

Le Sa 17/12, encore une belle journée de marche, le temps est mitigé et un peu venteux avec un Fitz Roy caché derrière les nuages. Rangement, petit-déjeuner, lessive et le départ se fait vers 11h, à la bonne heure. On reprend le même chemin dans la forêt en suivant le Rio Electrico où on recroise souvent l'américain, puis on retrouve le Rio Blanco, petite pause déjeuner, vue d'un cerf. On grimpe à 1200 m par le point de vue sur le Fitz Roy (toujours dans les nuages) puis on redescend en passant par la camping Poincenot et on poursuit jusque notre camping de ce soir le campamento Lago capri à côté du lac du même nom. Tranquille et sympathique spot, petite purée… petite toilette… et bon dodo.

Le Di 18/12, réveil bien matinal puisque Delph est réveillée depuis 6h et n'arrive plus à trouver son sommeil, le départ se fait donc peu après 10h. le chemin est joli, le Fitz Roy est bien dégagé, on ne croise pas grand monde ce matin. On longe le Rio Fitz Roy jusqu'au Lago Torre et le mirador sur le glacier grande mais les nuages sont bien là alors on décide de rentrer sur El Chalten : courses, internet, retour au camping, rencontre des carlito sur la route depuis un an et demi et pour dix ans encore, bonne soirée avec eux puis douche chaude, salade…

Le Lu 19/12, la nuit a été bien venteuse, on prend notre petit-déjeuner, on traîne un peu et on met au point notre prochain tour. Pour les vélos et les sacs à laisser il n'y a toujours pas de problème de garde pour les propriétaires/gérants du camping, on fait d'autres courses,… et on reprend la marche pendant 6h jusque 21h donc.
Le chemin est joli, il monte doucement pour avoir une belle vue encore sur El Chalten, passage en forêt, pas beaucoup de touristes ! Arrivés à 1200 m on a une vue plongeant sur le Lago Viedma et on commence la descente sur le Rio Tunel, le lago Toro et le glacier Rio Tunel Inferiror. Le temps se gâte et la neige arrive, c'est encore plus joli, ça change. Arrivés au campement il n'y a que deux américaines, la soirée est fraîche, la température a bien chutée, pâtes et dodo.

Le Ma 20/12, une belle journée de marche, on part presque tôt le matin car on nous a conseillé de franchir les rivières le matin (quand la neige n'a pas trop fondue alors forcément le niveau est moins haut avec le gel nocturne). On part donc à 9h, on longe le Lago Tunel O Toro, c'est encore couvert ce matin et il n'y a personne, le glacier nous appartient. On cherche un peu le bon passage pour passer la rivière sans prendre la tyrolienne, la mission se trouve accomplie avec des pieds un peu gelés pour Delph à cause de son " handicap ", la vue est impressionnante sur les glaciers quand les nuages se dispersent.
Le chemin n'est pas très facile entre des grosses roches et le chemin est noté comme dangereux sur la carte à cause du risque d'éboulements ainsi il était conseillé de partir avec un guide… Delph a un peu de mal et traîne un peu, je m'inquiète un peu pour elle. On monte ensuite vers le Paso del Viento d'où on a une belle vue sur le glacier Viedma.
Le vent et la neige sont maintenant de face, c'est le temps de la montagne. A 1400 m, on redescend de cette vue plongeant du glacier. La tempête se relève, mais on marche facilement en terrain descendant jusqu'au refuge normalement exclusivement réservé aux escaladeurs mais où il n'y a encore personne ! C'est chouette, l'ambiance est très belle, personne, à cela il faut ajouter le côté ludique et fantastique car le chemin n'est que très peu balisé, voir pas du tout et par endroit il n'y a même pas de traces de chemin, surtout quand c'est les marécages ou les cailloux. C'est donc assez excitant et amusant, chouette de faire son orientation !
Delph est heureuse d'arriver enfin au " chaud " et au refuge. L'endroit est merveilleux.

Le Me 21/12, gros dodo pour Delph et on se réveille donc que vers 10h30 où on reste tranquille à profiter de ce refuge perdu dans les montagnes, on prend un bon petit déj et le départ se fait vers 13h mais ce n'est pas facile de trouver le bon chemin donc on tourne un peu. La marche est tranquille avec quelques bonnes descentes et montées et toujours le glacier Viedma en point de vue sur notre droite.
Toujours personne. Le vent est bien dans le dos, c'est moins fatiguant même en marchant que de l'avoir de face (plus ennuyeux pour respirer et gênant). Les nuages de neige alternent avec le Soleil. Arrivés dans les marécages on perd à nouveau le chemin puis on en retrouve, on en reperd…ainsi de suite toute la journée. On grimpe au Paso Huemul où il y a un vent à " décorner les taureaux ", descente assez dangereuse.
On arrive finalement à un petit campement dans les arbustes ce qui nous met tout de même bien à l'abri du vent féroce. Il est 21h. Delph est fatiguée et l'eau est glaciale.

Le Je 22/12, on continue la belle descente (pendant que Delph écrit des choses étonnantes sur mon compte mais oubli de me distinguer par les efforts que je fais pour voyager avec elle notamment du point de vue du portage… seul j'étais plus léger et rapide, je met l'accent sur le partage, c'est chouette l'amour pour ça, mais quand même). Il fait beau, on rejoue encore à retrouver et perdre un chemin toute la journée. Après la descente on arrive à la fin du glacier Viedma et au bord du Lago Viedma. Toujours personne en vue dans ce décor de montagnes.
La journée de marche s'achève vers 20h au bord du Rio Tunel. Lavage de pieds, montage de tente… et on est fin prêt pour le passage de la rivière demain matin !

Le Ve 23/12, il fait grand beau ce matin, tant mieux car la première chose à faire est de passer cette rivière du Rio Tunel bien fraîche, Delph commence et cherche un passage qu'elle ne trouve pas, pendant ce temps là je finis de ranger mes affaires, elle pourrait m'attendre. J'arrive et passe là où je conseillais Delph de passer qui s'entêtait à vouloir passer ailleurs. C'est chose faîte, facile ce passage. Au tour de Delph mais c'est plus dur pour elle, je la motive, elle y va, s'arrête en plein milieu de la rivière, frigorifié par les pieds et le froid. Allez je vais la chercher, c'est chouette d'aller chercher sa princesse, et la ramène au bord du rivage. Mission accomplie.
On marche ensuite jusque El Chalten, les passages sont monotones, on va de collines en collines. J'essaye de chantonner un peu pour passer le temps. On arrive à El Chalten vers 16h, internet, petites courses et tour de magasins, puis retour dans ce bon camping. Les vélos ont bien été gardés… on leur amène des chocolats pour les remercier. Salade, douche…

Le Sa 24/12, c'est le réveillon de Noël, réveil matinal, petite douche, petit-déjeuner, lessive, et pour cette occasion j'offre l'hôtel et repas pour le confort de ma princesse, restaurant… et rangement des affaires pour être prêt à partir le lendemain ce qui étonne Delph, pas habitué à ça (et oui une nuit à l'hôtel n'a que trop rarement été synonyme de repos pour moi), on se couche après que vers 3-4h pour se réveiller à 8h le dimanche 25 !


Chronique 5 : D'El Chalten à San Carlos de Bariloche


" A travers la Carretera austral, l'île de Chiloé et autres volcans de Patagonie ", environ 1220 km en vélo.

Photos:
https://photos.app.goo.gl/YQDFqdStCqWczNYV9

Di 25/12 : El Chalten - au bord du Lago Desertio/frontière Chili, 38 km
Lu 26/12 : au bord du Lago Desertio - au bord du Lago San Martin, 7 km à pieds et 15 km en vélo
Ma 27/12 : au bord du Lago San Martin - cabane près de l'Aroyo de Luna, 62 km
Me 28/12 : cabane près de l'Aroyo de Luna - Puerto Yungay, 48 km
Je 29/12 : Puerto Yungay - Tortel
Ve 30/12 : Tortel - au bord d'une rivière à 75 km avant Cochrane, 57 km
Sa 31/12 : 75 km avant Cochrane - Cochrane, 75 km
Di 01/01/12 : Cochrane - 10 km avant Puerto Bertrand, 42 km
Lu 02/01 : 10 km avant Puerto Bertrand - 15 km avant Puerto Rio Tranquilo, 64 km
Ma 03/01 : … - Bahia Murta, 40 km
Me 04/01 : … - 52 km après Bahia Murta au bord d'une rivière, 52 km
Je 05/01 : … - 8 km après Cerro Castillo, 58 km
Ve 06/01 : … - Coyahique, 88 km
Sa 07/01 : Coyahique, " repos "
Di 08/01 : … - Puerto Chacabuco, 86 km
Lu 09/01 : Puerto Chacabuco
Ma 10/01 : idem supra
Me 11/01 : Puerto Chacabuco - Quellon (île de Chiloé), trajet en bateau, environ 300 km ( ?)
Je 12/01 : … - 35 km après Quellon, 46 km
Ve 13/01 : … - 40 km après Castro, 97 km
Sa 14/01 : … - 25 km avrès Puerto Montt, 113 km
Di 15/01 : … - Puerto Montt, 33 km
Lu 16/01 : … - Petrohue, 84 km
Ma 17/01 : … - Puerto Montt - Petrohue, environ 220 km
Me 18/01 : … - 15 km avant San Carlos de Bariloche, 25 km
Je 19/01 : … - Camping Yeti près de Bariloche, 23 km
Ve 20/01 : idem supra, repos " forcé " (malade).

Le Di 25/12, c'est Noël et le ciel est bien bleu ! la nuit de repos sur matelas a été courte. C'est les derniers préparatifs pour reprendre les vélos et la route après un bon buffet pour le petit-déjeuner. Le patron de l'hôtel fera même la bise à Delph, elle ne manque pas de charmes. Très bon accueil.
Dernier tour sur le net et on attaque la piste vers le Lago Desertio. La route est dure mais magnifique, Delph est aussi fatiguée et donc de mauvaise humeur (manque de sommeil), du coup elle traîne un peu des pattes, quelques chutes aussi de ce fait. On arrive quand même à temps pour prendre le bateau et traverser le lago Desertio avec en fond le beau Fitz Roy de nouveau dégagé, comme c'est beau, calme, on arrive sur l'autre rivage qui marque aussi le poste frontière avec le Chili. On rencontre cinq autres cyclistes, hommes et femmes…
La tente est plantée dans un splendide décor. Repos, calme, tranquillité, quiétude, beauté…

Le Lu 26/12, nuit difficile pour certain, pendant que je reprends des forces et tartine…On se lève un peu tard et il y a " l'impératif " de rejoindre un autre Lago et bateau plus loin à 17h. Le départ se fait vers 10h30, il faut d'abord pousser le vélo et le porter sur environ 7 km. Le temps est magnifique sur les montagnes enneigées, l'effort un peu rude pour certain. On arrive à la ligne de crête et la vraie frontière vers 13h. Petite pause casse-croûte avec beaucoup de tans.
Puis le chemin devient une piste où on alterne le vélo et la marche à pieds tellement celle-ci est défoncée par endroits ce qui vaut de belles chutes pour Delph qui est décidément bien fatiguée (elle devrait en profiter le matin pour se reposer au lieu de sans cesse me presser pour partir, après c'est moi qui l'attend). L'état de la piste s'améliore et nous arrivons aux carabineros chiliens à 16h. On tamponne les passeports, un peu de repos avant la traversée qui nous mène à Villa O Higgins et rencontre avec Frédérique, une française qui est tombée amoureuse de ce coin de paradis et est revenue ici pour la saison estivale afin de gérer en partie un camping et entre autre d'y faire le ménage… petite dispute avec la fatigue de Delph et dodo à part, moi dans ma couverture de survie, on me peste toujours dessus mais je ne râle pas de porter tant d'affaires contrairement à mon habitude, cette fois oui, y'en a marre d'être le bouc émissaire.

Le Ma 27/12, le spot de la veille est très joli face au Lago et glaciers. On rejoint Villa O Higgins après 5 km de piste, c'est un vrai village de pionniers, surtout là pour placer des fonctionnaires et marquer le territoire chilien. Il y a de jolies maisons en bois, l'ambiance est très tranquille et paisible, le temps est un peu arrêté avec cette splendide journée ! Nous faisons le tour et on s'arrête dans deux petites épiceries pour faire le nécessaire ravito encore (surtout pour les fruits et légumes frais), on tente aussi la connexion internet (trop lente) puis on passe dire bonjour au camping de Frédérique et son copain Jérémie mais ils ont du boulot, on a de bons conseils et notamment l'adresse d'un bon spot pour ce soir : une cabane !
Il fait beau, autant en profiter pour rouler mais les tans sont souvent là et c'est ennuyeux, sans doute existe-t-il une sorte de répulsif comme pour les moustiques, si oui alors ça pourrait s'avérer bien utile pour une prochaine fois ! les paysages sont splendides, la piste est assez bonne et on longe quelques lagons d'eau turquoise, montagnes, forêts, lacs, cascades… 50 km de plaisir même si nous avons le vent de face sur la fin.
A la nuit tombée nous trouvons comme convenu cette chouette cabane au bord de l'aroyo (ruisseau) de Luna.

Le Me 28/12, encore une belle journée qui s'annonce sur la Carretera Austral, après une bonne nuit dans cette drôle de cabane. On part vers 11h30, c'est assez dur pour Delph car la route ne fait que monter et descendre, en plus avec les graviers… Quand même, elle qui n'avait jamais fait de vélo auparavant, elle en a du courage, et même quelle témérité. On est toujours et encore pour un bon moment dans ce magnifique décor de montagnes enneigées, de rivières qui dévalent, la piste, les arbres et arbustes… le temps passe vite. La piste est bien escarpée puis on finit à plat à travers la forêt le long de lago.
On rencontre en fin de journée avant de prendre le bateau deux chiliens, les prophètes, protestants qui cherchent à me faire venir avec eux comme pour reconstituer les disciples de… Bref, ils me lassent vite en fin de repas du soir pendant que Delph leur cause jusque tard dans la nuit, je n'y vois rien d'intéressant, chacun ses charmes. Ils sont aussi accompagnés d'un couple d'allemands qui sont en 4x4 et transportent un autre allemand, Stephan, en plus des deux chiliens.
Dans la nuit, on l'avait pensé mais on y croyait pas, il y a marée montante ! Et oui, il faut donc déménager vers 3h du matin quand les pieds prennent l'eau (et moi qui rêvait que j'étais dans une piscine), mais il n'y aura pas trop de dégâts.

Le Je 29/12, la troupe en 4x4 repart, nous terminons notre petit-déjeuner et la route me fait retrouver ma bonne humeur grâce à quelques efforts et dépenses physiques même si les doutes décidément sont difficiles à s'estomper. Départ à 13h. la piste est mauvaise, les graviers sont gros, ce sont bien des cailloux. Les vélos s'abîment et il y a quelques explosions de pneus et chambres à air. Normal.
A l'intersection de Tortel, la piste redevient plane et on longe le magnifique Rio Baker que l'on peut faire en descente en kayak sur quelques petites centaines de kilomètres. On arrive avant la tombée de la nuit à rejoindre le village de Tortel situé dans le fond d'un fjord, c'est magnifique encore, on ne s'y attendait pas, c'est un village totalement en bois, les voitures doivent rester sur un parking à l'entrée, il est souvent bâti sur pilotis. C'est beau et tellement agréable de s'y promener ! Peu de touristes car c''est bien loin de tout. Le cadre est grandiose, pas de bétons. On prend le risque de laisser les vélos à l'entrée (je me laisse convaincre par ma chère et tendre mais rétrospectivement je ne le referais plus, après le vol du sac plus tard dans ce voyage). Bonne petite balade de deux heures donc à travers ce grand village plein de charmes, beaucoup de pontons, de petits bateaux de pêche, l'église, la place d'Armes, la bibliothèque, les petites maisons ou cabanes avec les cheminées fumantes pour la cuisine et le chauffage, de la musique ça et là qui s'échappe. Arrivés au bout du village on s'installe pour manger sous un kiosque à l'abri du vent et de quelques gouttes, petite salade avec thon, tomates, noix, polenta avec poivrons, le tout arrosé d'un petit merlot fruité, on ne se refuse rien. Dîner à la frontale, on a oublié les bougies, belle journée et on s'endort dans les bras l'un de l'autre.

Le Ve 30/12, la nuit fut belle et la marée n'est pas montée jusque la tente, réveil vers 9h30, bon petit-déj avec omelettes, … bref de quoi être en pleine forme. Le village de Tortel était vraiment chouette, perdu sur cette Carretera Austral. Ce n'est pas l'opulence mais ce n'est pas la misère non plus, les charpentiers et les menuisiers ont du travail ici.
On achète des petits pains tous chauds avant de reprendre la piste, avec le petit vent dans le dos, c'est plus facile, la route longe et remonte le Rio Baker. Delph prend son pied et se régale, ça fait plaisir d'emmener son amoureuse dans un mode de transport qu'elle peut apprécier. On fait une première pause à 15h pour le repas, nous sommes bien à l'heure " espagnole " tout au long de ce voyage. On reprend ensuite la piste pour Cochrane tout en avançant bien !
Vers 20h on s'arrête après 57 km (hum) pour le dodo, mais bon on est parti qu'à 13h15, et Delph est contente, c'est bien là le principal. On a un beau spot, vraiment, au bord du Rio Baker dont on entendra que quelques roulements d'eau la nuit. C'est très paisible.

Le Sa 31/12, on part à 11h20 et c'est une belle journée de pédalage. La route est bien agréable, ça monte et ça descend, encore une belle journée, avec quelques tans, de remontée du Rio Baker jusque Cochrane où on arrive en fin de journée, pour y fêter le réveillon du Nouvel An 2012 ! les maudits tans écourtent la pause de 14h, un  peu trop nombreux, piquants et collants, on ne s'en débarrasse qu'en descente rapide. Le panorama est joli et donc beaucoup d'arrêts photos. Deux crevaisons aussi.
On arrive à Cochrane à 20h et les petits magasins sont toujours ouverts ! Ce qui permet de nous faire nos petites courses et ravito pour le lendemain, de faire un passage pour la lessive. C'est une jolie petite ville même si elle est de plan en équerre comme les villes nord-américaines, avec de belles petites maisons en bois, perdue au milieu des montagnes au bord du Rio Baker (c'est de là que l'on peut descendre en kayak, sauf si on est plus téméraire alors c'est possible bien plus en amont mais il y a de sacrés rapides, voir même des chutes plutôt dans des canyons). C'est tranquille. On trouve un petit camping qui n'est autre que le jardin de particuliers qui a été aménagé comme tel, un simple WC et une douche mais il y a pas mal de tentes, le jardin de 500m2 en est rempli. Soirée gentille de réveillon, et dodo.

Le Di 01/01/12, il a plu toute la nuit ! Ca n'empêche que le ciel est incroyablement d'un bleu limpide ce matin ! C'est donc une très belle journée pour commencer l'année mais on a notre train train pour les préparatifs du matin, vers midi on se met à la recherche d'internet, encore quelques courses, petite salade sous le kiosque de la Grande Place, c'est très calme en ce début d'année.
La forêt a laissé place à une végétation plus sèche, le panorama reste splendide. Ca monte et ça descend encore today, quelques crevaisons et changements de pneus. On s'arrête vers 20h30 au bord d'une jolie rivière (le Rio Baker toujours !), la journée est vite passée et elle était magnifique. Le spot est parfait, toilette, lessive, montage de tente, polenta, poivrons, carottes… et c'est déjà minuit sous le quart de Lune.

Le Lu 02/01, réveil à 9h et départ à 11h30, la journée est encore belle, on a de la chance (euh non, j'ai Delphine, c'est ma chance, eh oui elle attire le Soleil). On fait une jolie petite pause à Puerto Bertrand et son arrivage de petits pains chauds. La route est vraiment de la taule ondulée en graviers, le trapèze gauche de Delph n'apprécie pas trop (contractures récidivantes chroniques, même si je lui donne des conseils pour régler ses sangles de sac à dos). On longe le Lago Bertrand puis le Lago General Carrera. Passage à Puerto El Maiten, El Leon.
Les tans sont toujours aussi collants en ces belles journées ensoleillées. Les massifs enneigés nous entourent toujours, c'est tout simplement grandiose. La route s'améliore sur quelques parties ce qui ne nous empêche pas de crever l'un après l'autre. On roule encore un peu jusqu'à trouver notre spot de la nuit près d'une rivière encore, les boules de Noël remplacent nos amis les tans.

Le Ma 03/01, il fait chaud aujourd'hui en Patagonie ! La chaleur nous tire de la tente à 9h30 et le Soleil est déjà haut. Préparatifs chroniques et décollage en règle à 11h30. La routes est jolie avec une belle vue le long du Lago general Carrera et ses massifs environnants, ça monte bien pour l'échauffement. On redescend ensuite vers Rio Tranquillo, petit village qui essaye de tirer profit des touristes par les qualités de grottes naturelles qui se trouvent dans le Lago, mais bon, ça ne marche pas trop, le coin est quand même un peu paumé (tant mieux aussi), les magasins ne coulent pas sous le poids des marchandises, petite pause tout de même. On repart vers 15h, route merdique, on avance avec peine surtout moi à cause de ce maudit gros sac à dos, mais c'est comme ça.
Le soir beau lieu du dodo près de la rivière (important d'en avoir une pour la nuit, pour la toilette, boire...), le Soleil se couche vers 22h30.

Le Me 04/01, encore une belle journée sur la Carretera Austral, réveil 9h30 et départ 11h30, la route est en gravier mais correcte, on sillonne le long de la rivière, le ciel est limpide et le Soleil chauffe bien mais il y a un peu trop de circulation ce qui gâche un peu le plaisir.
Petite pause vers 13h15 et on attaque la montée pour Villa Castillo, belle route de semi-montagne qui grimpe donc et fait souvent descendre de vélo. Puis on attaque du plat avec vent dans le dos, ça file. Quelques crevaisons quand même, on arrête donc pour aujourd'hui, c'est suffisant. Petit spot près d'un ruisseau, tente, mangé, et dodo.

Le Je 05/01, il faut la mériter cette Carretera Austral ! Il y a quelques efforts à fournir. Réveil tardif, nuages ce matin, départ que vers midi. Il fait un peu lourd mais le vent est dans le dos et on avance bien. On rencontre des cyclistes (deux coréens du sud, un hollandais) et on est toujours sur notre belle route de montagne. La première crevaison a lieu après 20 km ce qui fait la petite pause casse-croûte pour Delph pendant que je répare…il y en aura d'autres. Et on est toujours bien entourés par nos amis les tans. La galère ces crevaisons, il faudra absolument des pneus de cyclo-cross la prochaine fois ! On croise aussi un français nommé Tanguy, puis on arrive à Villa Castillo et la route goudronnée, sauvés ! Petit ravito et on attaque de suite sur l'asphalte, comme ça glisse bien ! Petit spot un peu plus loin pour la nuit au bord d'un ruisseau.

Le Ve 06/01, ça roule bien sur la route goudronnée même si ça commence par quelques lacets en montée mais s'ensuit une bonne descente d'une dizaine de kilomètres où nous glissons gaiement entre les petites estancias. Les 45 premiers kilomètres passent donc rapidement puis on fait une petite pause toujours avec nos amis les tans et sous le Soleil.
Nous roulons dans la plaine où ça a beaucoup été déforesté, sans doute pour vendre le bois, c'est dommage, les plaines déforestées sont ainsi transformées en champs mais ils n'ont pas, comme en Europe, gardé des parcelles de forêts, l'agriculture et l'élevage sont plus récents, tout cela laisse donc place à l'érosion et l'aridité à cause du vent, l'humidité est moins retenue et il y a un grand risque de désertification comme en Argentine.
On avance vite et bien grâce au vent favorable dans ces grandes plaines mais il y a aussi beaucoup de circulation à l'approche de la ville de Coyhaique où on arrive vers 16h30 avec un départ à l'accoutumé à 10h. On tourne un peu dans cette grande ville de 55.000 habitants et on n'avait pas vu autant de monde depuis Puerto Arenas. On trouve une petite hosteria chez une mamie (en fait on est logé dans une petite dépendance de sa maison qu'elle a aménagé, s'ensuit internet, lessive, petites courses, petit resto… on retrouve quelques conforts de la " civilisation " et dodo.

Le Sa 07/01, encore quelques courses à faire et il faut faire assez vite car au Chili les magasins sont moins souvent ouverts qu'ne Argentine, ils ferment le samedi vers 13h jusqu'au lundi, chaussures et lunette de Soleil pour Delph, téléphone, par contre je ne trouve pas de pneus ni chambre à air, ça paraît donc complètement impossible de reprendre la piste et il vaudra mieux finir la route goudronnée jusque la mer et de là prendre le bateau pour rejoindre l'île de Chiloé où la route est toujours goudronnée. Ca semble donc finit pour cette fois-ci, la Carretara Austral.
Coyhaique est une ville agréable, les chiliens vivent à l'occidentale avec un niveau de confort en dessous. Ce soir on en a plus à manger qu'il n'en faut…

Le Di 08/01, petit déjeuner copieux pour alléger au maximum les sacs avant de partir, on donne même un peu de nourriture à la mamie : salade… On fait un dernier tour sur internet et on rencontre un cycliste slovaque qui nous convint définitivement d'abandonner la Carratera Austral. Le temps est humide quand nous quittons la ville, on passe un petit col pour sortir de la plaine puis nous roulons dans une très jolie vallée, entourée des hautes montagnes, c'est le passage dans le PN du Rio Simpson, c'est beaucoup plus peuplé maintenant, les petites baraques en bois se succèdent. Il pleut ensuite à saut, on fait donc une longue pause sous un abri bus, et on mange… mais ça ne se calme pas, on décide donc de repartir, et tant pis pour la pluie. On passe à Puerto Aisen mais autant en finir et aller jusque Puerto Chacabuco d'où partent les bateaux pour l'île de Chiloé. Arrivé là-bas, c'est une toute petite ville, un village, pas de campements possibles à l'extérieur. On termine donc notre journée dans une pension pour travailleur. Grand dodo, la pluie fatigue.

Le Lu 09/01, il pleut toujours averse heureusement on a dormi bien au sec, nous sommes dans une chambre sans fenêtre avec quatre lits séparés mais l'hôtel est calme, on se lève vers midi et petit-déjeuner dans la chambre avec notre stock de provisions. Le bateau est normalement à 19h ce soir et on part donc attendre à la marina afin d'embarquer, mais non, pas de bateau aujourd'hui, il faut attendre mercredi midi pour pouvoir prendre un bateau spécial pour les touristes, celui-là est réservé aux locaux ! On a beau expliqué que ça ne nous dérange pas c'est comme ça, c'est le règlement… et il paraît que celui d'aujourd'hui est complet (sans blague, deux personnes de plus sur un gros ferry comme ça, enfin).
Il pleut toujours, sans interruption, on repart donc au village où on trouve une autre hosteria plus appropriée avec des chambres pour deux et une cuisine, chez l'habitant. Petite promenade le soir entre deux averses. Nous sommes seuls dans cette hosteria.

Le Ma 10/01, journée de repos à Puerto Chacabuco dans notre petite hosteria tranquille, dehors c'est toujours la pluie sans cesse. Nous sommes toujours les seuls ici, on fait un petit-déjeuner à midi autour du poêle à bois, les chats se font disputaient par les enfants et sont mis dehors manu militari, les deux mamies parlent ensemble, les essais de communiquer sont toujours aussi infructueux…, lessive, nettoyage de matelas, cartes. Il ne fait pas chaud dehors. Encore une journée de repos forcé.

Le Me 11/01, nous partons de l'hosteria à 10h30, le temps est redevenu clément, on met le cap sur Quellon, avec le ferry où nous embarquons pour 28 heures de trajet à travers les îles perdues (mais pourtant habitées) de la côte chilienne pacifique. On passe à travers les fjords, on croise des îles verdoyantes et sauvages, des petits villages ça et là où le bateau fait escale, sans doute une vie atypique pour ces gens là, et une vie " difficile ", on arrive donc dans la nuit, à la lueur de petites lumières pour embarquer quelques passagers et marchandises dans de petits villages accrochés au pied de quelques îles verdoyantes : Puerto Aguirre, Puerto Gaviota, Puerto Cisnes, Puerto Gala, Meli Moyo, Santo Domingo… et on arrive à Quellon, tout au sud de l'île de Chiloé, vers 14h. Il y a beaucoup de chiliens à bord où on rencontre quand même deux français.

Le Je 12/01, notre espagnol ne s'est toujours pas amélioré, le bateau est rempli de monde sur le matin et arrivés à Quellon il a l'air de faire beau. La traversée est vite passée, on a pu observer quelques dauphins quand même. On récupère les vélos et on se dirige sur les quais et dans le centre ville, il y a beaucoup de petits magasins, c'est plus riche que l'Afrique mais plus pauvre que les ex pays communistes de l'Europe de l'est. Ca sent quand même les coups fourrés pour les touristes et je ne me sens pas trop en sécurité, on sent les regards envieux qui se portent sur nous, les gringos. Les maisons sont donc jolies, en bois, et colorées. Il y a du monde et de la circulation.
Puis on reprend la route où il y a du monde et de la circulation mais beaucoup de verdures et c'est bien cultivé, c'est plaisant. On part de Quellon vers 17h30 et on va vers le Nord de l'île pour rejoindre Puerto Montt…
Les églises et petites cabanes en bois se succèdent dans la verdure et le vent. Le soir on trouve un spot avec de l'eau près d'une source.

Le Ve 13/01, il fait encore beau, le ciel est sans nuages et le Soleil chauffe bien. On s'en va à 11h, le temps de tout ranger… La route est vallonnée, toujours pas mal de circulation, on traverse de nombreux villages avec maisons colorés, on aperçoit les volcans Corcovado et Minchinmavida, la Cordillère est proche.
On fait une pause à Chonchi et sa belle église tout en bois, les vestiges des missionnaires. Il fait bien chaud quand on reprend la route 5 en direction de Castro, lorsqu'on y arrive, on découvre une belle grande ville animée avec une grande église bien occupée, il y a la messe, et une ambiance estivale. Les gens sont en vacances ici. L'église est tout en bois.
On reprend ensuite la route 5 vers 17h30 et on rencontre un motard allemand et son amie, il nous raconte pas mal d'anecdotes… On s'arrête au bord d'une rivière au bout de 97 km, on a bien roulé et le spot est sympa.

Le Sa 14/01, on retrouve de nouveaux types de tans, un croisement entre les tans noirs et les bourdons, ceux-ci ne font pas de bruit et tournent peu autour de nous, mais ils nous piquent directement quasiment dès qu'ils se posent sur nous ! Ils sont très nombreux, quelle fête dès le réveil ! On range notre barda et on va prendre notre petit déjeuner un peu plus loin sous un abri bus pour être un peu plus tranquille
Il fait encore très beau mais beaucoup de camions et la route est un peu moins belle que les jours précédent, c'est plus urbanisé mais il y a toujours de petites maisons en bois avec dans le jardin une vache ou des moutons.
On arrive à Ancud pour le déjeuner de 14h, c'est une très jolie ville un peu sur la colline avec de belles maisons et cabanes colorées surmontées par l'église toute en bois peinte en blanc et rouge.
On roule ensuite jusque Chacao à une trentaine de kilomètres, petit village au bord de l'eau où l'on fait encore quelques courses avant de prendre le bateau pour rejoindre le continent. Le temps s'est rafraichi. Arrivés à Pargua, on roule encore quasiment 40 km avant de pouvoir trouver une rivière où on peut utiliser tranquillement l'eau et un endroit pour dormir. Beaucoup de travaux (la route se transforme en autoroute), circulation, poteaux électriques…, la civilisation n'est pas toujours belle à voir. On campe sous les eucalyptus, repos bien mérité.

Le Di 15/01, on prend la route qu'en début d'après-midi, route chargée de circulation et sans intérêts, il fait gris. On arrive à Puerto Montt, une grande ville, la plus grande et la dernière grande ville véritablement au sud du Chili, on fait un pique-nique au bord de la mer. Les chiliens citadins ressemblent vraiment aux européens, ils sont bien occidentalisés, mêmes besoins, mêmes vêtements…mêmes tendances.
On trouve un petit hotêl, l'hostal Independancia, pas très loin du port, dans une grande chambre à l'hygiène douteuse mais ça ira pour cette nuit. Inteernet, salade, sieste, balade vers Angelme, quartier où les petits magasins d'artisans se succèdent : écharpes, pulls, gants, bonnets… le tout en lait " fait maison ", puis on arrive au marché de poisson et sa hall où on mange dans un petit restau (nous sommes qu'à deux) mais le poisson n'est pas vraiment frais ce qui est un peu décevant. Puis retour dans le petit hôtel. On se couche après 2h du matin.

Le Lu 16/01, on se réveille vers 9h30 et on prend la route vers 11h, passage chez le marchand de vélo, à la compagnie aérienne LAN (pour savoir si je peux échanger mon billet de retour), au CONAF (pour se renseigner sur les treks dans les PN du Chili), courses, quelques photos de Puerto Montt sous le ciel bleu éclatant, le tout rapidement. Deux crevaisons encore aujourd'hui, sur le goudron, et vers 15h30 on arrive à vraiment prendre notre route. On fait un passage à Puerto Varas puis on bifurque vers l'est en longeant le Lago Llanquihué avec une magnifique vue sur les volcans Osorno et Calbuco, on passe même sur une piste cyclable ! la route est plus jolie même s'il y a encore beaucoup de circulation (de touristes surtout) ; il y a un peu d'agriculture, des vaches et les volcans. On roule bien, la mauvaise surprise est pour la fin, on pensait que c'était goudronné jusqu'au bout mais les six derniers kilomètres sont de la très mauvaise piste en tôle ondulée ! Aïe. Mais on arrive quand même à Petrohué. Soirée drame, car j'ai oublié mon canif hier soir, je décide donc d'aller le rechercher demain (220 km aller-retour) ce qui n'est pas du tout du goût de Delph.

Le Ma 17/01, je pars rechercher le canif, il fait super beau, ravito sur le " ring " de Puerto Montt, ça gère ! Je pensais ce couteau " unique " en fait j'en trouverais d'autres à Aix en Provence de retour en France, et pour la petite anecdote de toute façon je me le fais voler à la fin…sortie inutile donc ?

Le Me 18/01, on retrouve l'Argentine, un chouette trajet aujourd'hui, on commence par un premier bateau de Petrohué à Peulla avec la traversée du Lago Todos Los Santos dominé par le magnifique volcan Osorno et son cône presque parfait entouré de neiges, il y a également le volcan Puntiagudo avec ses arrêtes affilées. Nous sommes dans un bateau touristique avec chiliens et argentins essentiellement, c'est les grandes vacances de ce côté du monde.
On arrive à Peulla vers midi, il fait bien chaud, les tans sont toujours là, le ciel est d'un bleu limpide ! Un peu de ravito, le passage du poste frontière chilien et c'est parti pour 29 km de piste et tôle ondulée, les chambres à air ne tiennent pas, catastrophe, presque 4 ou 5 crevaison en une heure. Vaut mieux continuer à pieds, on avancera plus vite que de perdre du temps à réparer ! Heureusement on trouve quelqu'un qui nous prend en stop, ceux qui transportent les bagages des passagers, c'est cool surtout que la route grimpe bien (il y a un col qui marque la frontière) et la route très merdique. Le chauffeur nous aide pour les formalités à remplir. On arrive ainsi chanceusement à Puerto Frias, poste frontière argentin, puis à Puerto Alegre.
On traverse le Lago Frias sur un autre bateau avec toujours des touristes, puis il y a encore 3 km de piste entre Puerto Alegre et Puerto Blast d'où on reprend encore un autre bateau pour une heure encore de traversée, c'est très jolie ! Enfin nous terminons à Puerto Panuelo après la traversée d'une partie du Lago Nahuel Huapi.
Le temps est brumeux du côté argentin, en fait il paraît que ce sont des brumes à cause des cendres du volcan Puyehué qui s'est éveillé en juin. Il est bientôt 20h quand nous repartons en vélo (une chambre à air fonctionne, la dernière, s'agit de ne pas crever).
On trouve un petit camping au bout d'une dizaine de kilomètres, ici c'est la côte d'Azur de l'Argentine, beaucoup de belles et grandes villas, pourtant on est dans les limites du PN !

Le Je 19, journée sur San Carlos de Bariloche afin de préparer le prochain trail dans le PN Nahuel Huapi. Il fait encore un temps magnifique et le site de Bariloche est assez grandiose au bord du Lago Nahuel Huapi et entouré de montagne, l'endroit qui est proche de Buenos Aires attire de nombreux touristes, beaucoup de magasins pour touristes donc et on remonte les rues commerçantes entre autres : visite du musée, internet, glaces, petites courses, matériel vélo, tour au marché artisanal…, la journée passe vite.
Il est presque 21h quand nous avons enfin fini le tour. On atterrit au camping " yeti ", bof, c'est assez cher, mais bon ça va quand même, on mange une bonne salade, un peu de vin et la douche est chaude.

Le Ve 20, journée où je suis maladou, à cause de la salade ou des glaces ? Problème douloureux de digestion ! Impossible d'aller marcher aujourd'hui, je suis ko ! Et dors presque toute la journée ! Aïe. On reste donc sur place même si l'autre camping était moins cher et plus sympa. Journée de repos forcé donc.
Il paraît que les touristes sont moins nombreux cette année à Bariloche à cause des cendres dues à l'irruption de ce volcan Puyehué (tant mieux alors).
Delphine en profite pour partir, seule, se balader dans les rues de Bariloche, même si je suis un peu inquiet pour elle, je ne peux faire de vélo, trop mal au ventre.



Chronique 6 : trail PN Nahuel Huapi


" Petit tour dans le PN Nahuel Huapi, autour du terrible volcan Tronador ! ", environ 170 km à pieds.

Photos:
https://photos.app.goo.gl/etLF6w6JB96RFRYE6

Sa 21/01 : … - campamento Aroyo Rucaco, 16 km en vélo et 14 km de marche
Di 22/01 : … - campamento Aroyo Casalata, 14 km
Lu 23/01 : … - 12 km avant Pampa Linda, 20 km
Ma 24/01 : … - refugio Otto Meiling, 25 km
Me 25/01 : … - campamento Mallin del Alerce, 15 km
Je 26/01 : … - camping Pampa Linda, 25 km
Ve 27/01 : … - campamento Lago Creton, 20 km
Sa 28/01 : … - campamento Lago CAB, 12 km
Di 29/01 : idem supra (temps pourri)
Lu 30/01 : … - refugio Negro, 10 km
Ma 31/01 : … - San Carlos de Bariloche, 14 km
Me 01/02 : … - Villa Cerro Cathedral - Bariloche, 21 km

Le Sa 21/01, ça y'est j'ai récupéré mes forces ! Ca va beaucoup mieux ! Le temps est clair et il est temps de reprendre la route, on prend le départ du camping (qui ne veulent pas garder nos vélos sauf contre l'équivalent de 100€ pour les 10 jours, trop cher) vers 11h30 et on monte tranquillement en vélo vers Villa Cerro Cathedral (une petite station de ski l'hiver et station verte l'été). Arrivés, le tour est assez vite fait, il n'y a pas encore trop de monde, un peu de vtt pour certains et les ados notamment. On réussit à laisser nos vélos dans un magasin qui loue des vtt d'ailleurs contre un peu de sous, mais ça va, c'est pas trop cher. Ensuite on mange un hamburger avec une petite bière au son de l'accordéon (à la radio) ce qui donne un air rétro à ce coin d'Argentine.
Puis on attaque la grimpette sur les pistes de ski, avec environ 800 m de dénivelés. Ce n'est pas très chouette comme c'est les pistes… Mais bon, arrivés sur la crête on a une vue magnifique sur la vallée de l'autre versant ! Où la forêt n'a pas été coupée et c'est un peu mystique avec la brume. On longe un bon moment la crête déchiquetée, petit croisement douloureux avec deux israéliens qui demandent de l'eau, je leur en donne alors que nous en avons plus beaucoup (il n'en restera quasiment plus) et on devra attendre la descente pour en retrouver. Comment des randonneurs peuvent-ils se mettre en danger et compter sur les autres ? Ils devraient savoir ce débrouiller seuls dans ces conditions difficiles, ils n'étaient pas plus proche de l'eau que nous, et nous mettent en danger à notre tour… il y a des inconscients en montagnes ! La descente est difficile pour Delph (gros cailloux), le chemin mal balisé, il faut donc chercher un peu.
On arrive finalement au campamento avec les dernières lueurs vers 21h15 après être parti de la station vers 14h. On retrouve enfin de l'eau ! Encore d'autres jeunes inconscients qui font de grands feux dans la forêt, normalement interdit (dur rappel de cette infraction pour le PN de Torres Del Paine, au Chili, où un touriste ayant mal éteint son feu, interdit là-bas aussi, a fini par brûler plusieurs dizaine d'hectares de ce parc, il faudra plus de vingt années pour reformer les bois détruit par cet autre randonneur inconscient…).

Le Di 22/01, bonne nuit de repos pour Delph, réveil tranquille et préparatifs du matin, départ vers 11h30, on poursuit dans la vallée avant de regrimper où on a un magnifique panorama, avec un temps un peu couvert. On redescend vers le lago et le refuge Jacob qui est très bien situé à son bord. Joli refuge et donc petite pause avant de reprendre la marche avec l'orage qui gronde.
On continue et nous voilà presque les seuls à tenter la sortie sous l'orage. On passe le Paso Schweiter et on redescend ensuite dans la vallée de l'Aroyo Casalata qui se jette dans le Pacifique (c'est la ligne de partage des eaux entre l'Atlantique situé bien plus à l'ouest et le Pacifique assez proche à l'est).
Le chemin est très bien balisé, ça a été refait récemment, c'est très agréable d'y déambuler. On trouve un joli spot vers 19h au bord de l'eau, montage de tente, lessive, toilette, miam miam et l'orage éclate juste après mais bien au-dessus de nous cette fois-ci, les cordes tombent.

Le Lu 23/01, il a bien plu cette nuit mais le ciel est dégagé ce matin, nous levons l'ancre vers 10h30 en longeant l'Aroyo Casalata, seuls sur le chemin de bambous, c'est agréable, le chemin est toujours très bien balisé. Quelques passages bien humides, du sol ou du ciel, on avance tranquillement mais sûrement, forêt d'arbres et de bambous alternent le long de la rivière que l'on traverse de temps à autre.
On arrive vers le lac Mascardi sans toutefois y passer et on perd un peu le chemin avant de le retrouver. Puis on traverse le Rio Manso sur un pont suspendu et on rejoint la piste qui mène à Pampa Linda. On marche encore environ une bonne heure avant de trouver un endroit convenable pour cette nuit avec un beau point de vue sur le Mont Tronador et son volcan.

Le Ma 24/01, il fait grand beau aujourd'hui, on décolle vers 10h30 sur la piste en gravier vers Pampa Linda (il n'y a pas d'autres chemins) et Delph qui a peu dormi décide de faire du stop malgré moi. C'est ainsi, en couple on ne fait pas toujours ce qu'on veut. On marche quand même une bonne heure avant qu'un voiture s'arrête, ce sont trois argentins sympa mais la conversation est limitée, ils ne parlent ni français ni anglais et nous pas de quoi faire une phrase en espagnol. Dommage.
Arrivés à Pampa Linda nous allons nous faire enregistrer, question de sécurité que Delph veut respecter, petit hamburgesa completa arrosé d'une cerveza et nous prenons ensuite tranquillement le chemin pour le refuge au bord du sommet du Volcan Tronador ! Encore une très belle journée, on monte doucement dans la forêt avec nos tans, passage au Puente Rio Castano Orera. A partir d'Almohadilla la vue se dégage sur le grandiose Glaciar Castana Orera avec ses gigantesques cascades aux reflets arc en ciel ! Quelques pauses régulières dans ce décor volcanique.
On arrive au refuge Otto Mailing un peu avant 20h, splendide refuge entre le Glaciar Alerce et le Glaciar Castano Orera. Montage de tente et potée du soir sur la lumière déclinante à 2050 m.

Le Me 25/01, encore une belle journée qui s'annonce, on prend le petit-déjeuner à l'abri dans le refuge et le départ se fait vers 11h30 par la descente de la montée de la veille d'abord où on croise de nombreux marcheurs. Puis on prend le chemin vers le Paso de las Nubes que l'on a du mal à trouver, il longe le Rio Alerce, c'est beau. On déambule à travers les bambous.
On arrive au campamento vers 16h30, montage de tente… puis toilette, lessive, repas, vaisselle et dodo. Seulement un américain avec nous au camping.

Le Je 26/01, l'américain se joint avec nous pour le petit-déjeuner et le maté (moyen de faire connaissance mais ce maté ne me plaît pas, pas de chance car j'apprend plus tard que c'est " mal poli " de refuser, ce que j'ai fait, berk). On laisse quelques affaires avec notre américain pour grimper au Paso à 1396 m, montée facile et belle journée encore, toujours entourés de bambous et de tans bien sûr. On y trouve une belle vue sur le Glaciar Frias et un refuge en construction où Delph veut grimper pour explorer jusqu'à tomber sur les charpentiers… on redescend ensuite vers le campamento. L'américain n'a pas bougé et Delph échange des infos avec lui puis on reprend le chemin pour Pampa Linda entre les bambous et le long du Rio Alerce. On arrive à Pampa Linda vers 19h juste à temps pour acheter du fromage local et du bon pain avant de planter la tente pour 20 pesos. Lavage, toilette, repas… à la rivière, petit restau à l'hosteria. Il n'y a vraiment pas grand monde.

Le Ve 27/01, encore une belle journée, on part vers 10h, de nouveau l'enregistrement et on prend le chemin vers le Lago Ilon mais on se perd un peu et on tourne pendant 1h30 pour trouver le chemin, dés le début, patience. On est donc vraiment en route que vers 12h30 et on passe sur le Rio Castano que l'on traverse à pieds avec l'eau jusqu'aux fesses, puis belle grimpette de 550 m, la vue se dégage sur le Monte Tronador et ses glaciers Alerce, Castano, Orera et Manso, c'est magnifique. On a une très belle vue sur les vallées et massifs des alentours.
On ne croise que quatre personnes aujourd'hui. Petite pause avant d'arriver au splendide site du refuge Ilon avec le Lago et le Tronador en fond. Puis passage en forêt, en plaine, avant de recommencer à grimper jusqu'à 1900 m où on voit le Tronador se couvrir. Belle vue à l'est sur le Lago frey puis on redescend pour trouver le Lago Jujuy, on erre un peu à la redescente en cherchant les cairns, paysage de cailloux avec en fond, au nord, le Lago Nahuel Huapi puis le bleu profond du Lagon Azul pour enfin arriver au campamento proche du Lago Creton. Il est 20h20 et nous sommes seuls.

Le Sa 28/01, il a bien plu cette nuit et nous dormons un peu plus ce matin en attendant que ça se calme et se réchauffe un peu. On part vers 11h30 sous un ciel bien bas, la journée sera bien humide et nous cherchons le chemin et les cairns tout au long, dans la brume des nuages, ce qui nous ralentit un peu.
On commence par une belle montée sur 300 m jusqu'au Filo de los Cristales à 1900 m puis on suit un peu les crêtes fouettées par la grêle et le vent. Et on redescend toujours dans les nuages jusqu'au Mallin de las Vuetas… Les cairns se cachent puis on remonte à 1802 m sur un grand champ de cailloux hostiles à la recherche toujours d'empilements de cailloux. Nous sommes les seuls randonneurs dans ces grands espaces de montagne. Dernière descente bien raide jusqu'au Lago CAB à 1500 m et sous la grosse pluie ! On arrive trempé ! Montage de tente et tentative pour Delph de récupérer l'usage de ses mains. On mangera sous la tente ce soir à cause de la drash, le vent et la pluie sont au rendez-vous.

Le Di 29/01, il pleut comme vache qui pisse, on décide donc de rester dans la tente et d'attendre… On prend son mal en patience…

Le Lu 30/01, on décide de partir, même s'il pleut encore comme vache qui pisse mais on ne sait combien de temps ça peut durer : jusque demain, après-demain ? Aucune idée et on ne peut rester là éternellement. Et je m'impatiente. On se réveille de bonne heure, vers 7h et on part vers 9h.
On cherche le chemin qui en fait n'est plus ! Il est sous l'eau ! Et il nous faut longer le lac l'eau jusqu'aux genoux puis traverser la rivière qui s'est transformée en torrent ! On rencontre au hasard un allemand, resté sous sa tente et qui attend que les conditions s'améliorent. Ensuite on se fait une bonne montée bien boueuse et glissante jusqu'à un col, une descente toute aussi boueuse et glissante avant la traversée d'une rivière dans laquelle je glisse avant de me redresser rageusement pour reprendre le dessus et la traverser, ensuite au tour de Delph que je reviendrais aider. Dernière montée sous la neige au sommet jusqu'à 1800 m avant de redescendre vers le refuge, toujours sous la neige et le vent glacial et arrivé avec la vue sur le refuge on se rend compte qu'il nous faut encore faire le tour du Lagon par les rochers et falaises qui l'entourent, gelées !
On arrive quand même au refuge de bonne heure, à 15h, ouf de la chaleur, Delph récupère ses pieds et mains ! Ouf tout va bien, marche épuisante et c'est rigolo le soir quand arrive une troupe de retraités allemands avec guide qui nous regardent de travers et nous piquent le chauffage, alors qu'ils viennent juste de Bariloche et on fait que ce jour de marche. La galanterie, vive les retraités !

Le Ma 31/01, une belle après-midi où le ciel se découvre enfin, après une bonne soirée au chaud au refuge. Delph papote un peu avec une bénévole et volontaire belge qui est là pour la saison. Petit-déjeuner puis on remballe nos affaires quasiment sèches. C'est la descente dans la vallée et la dernière étape. Le sac est léger, on arrive à Cabria Suiza vers 14h, une rue principale, des campings, des résidences secondaires… le temps d'un rapide hamburguesa et on monte dans le bus en direction de Bariloche en faisant le grand tour du Lago Nahuel Huapi. Arrivé à Bariloche vers 15h30 on fait un petit tour sur internet, puis pizza mais on rate le bus pour rejoindre Cerro Cathedral alors on trouve une petite hospedaje pour le dodo et on passe la soirée dans San Carlos de Bariloche…

Le Me 01/02, au matin, séchage de tente dans le jardin sous le grand Soleil, petit-déjeuner léger offert par la maison, petites courses, puis on grimpe pour prendre le bus et retrouver les vélos qui nous ont sagement attendu au magasin de location de vtt. On redescend avec les vélos à Bariloche, on achète les billets pour prendre le bus, malheureusement, pour Mendoza, internet encore, on flâne, puis retour dans la chambre pour préparer les sacs…

Chronique 7 : De San carlos de Bariloche à Mendoza, Valparaiso et Santiago...


" Au sommet des Amériques, route de l'ascension du Cerro Aconcagua, et balade à Valparaiso ", environ 130 km à pieds et 180 km en vélo.

Photos:
https://photos.app.goo.gl/U5AgCmzw2omcqg11A

Je 02/02 : San Carlos de Bariloche - Mendoza, trajet en bus (environ 1500 km !)
Ve 03/02 : Mendoza, " repos "
Sa 04/02 : idem supra, " repos " et préparatifs surtout
Di 05/02 : Mendoza - Los penitentes, trajet en bus, à environ 180 km à l'ouest de Mendoza
Lu 06/02 : … - Horcones (2.900 m) - Confluencia (3.400m), 10 km
Ma 07/02 : … - Plaza Francia (4.100 m) - Confluencia, 25 km
Me 08/02 : … - Plaza de Mulas (4.400 m), 23 km
Je 09/02 : idem supra, acclimatation
Ve 10/02 : … - campamento Alaska (5.300 m) - Plaza de Mulas, 10 km (portage, acclimatation)
Sa 11/02 : idem supra, acclimatation
Di 12/02 : … - campamento Alaska (5.300 m), 5 km
Lu 13/02 : … - Nido de Condores (5.500 m) - campamento Alaska, 6 km
Ma 14/02 : … - Nido de Condores (5.500 m), 3 km
Me 15/02 : … - refugio Berlin (5.911 m), 3 km
Je 16/02 : idem supra, AR après 200 m de montée, 1ère tentative d'ascension
Ve 17/02 : … - Plaza de Mulas (4.400 m), 11 km
Sa 18/02 : idem supra, repos, acclimatation
Di 19/02 : … - Nido de Condores (5.500 m), 8 km
Lu 20/02 : … - refugio Berlin (5.900 m), 3 km
Ma 21/02 : … - summit - près de Plaza Colera, , 10 km
Me 22/02 : … - Plaza de Mulas (4.400 m), 11 km
Je 23/02 : … - Confluencia (3.400 m), 23 km
Ve 24/02 : … - Mendoza, 10 km et retour de Puente del Inca à Mendoza en bus
Sa 25/02 : … - Valparaiso, trajet en bus (environ 600 km)
Di 26/02 : idem supra, repos pour de vrai !
Lu 27/02 : Valparaiso - Santiago du Chili, environ 200 km en bus
Ma 28/02 : idem supra, vol du sac et reconduite à la frontière de Deph
Me 29/02 : Santiago du Chili - Sao Paulo - Lisbonne - Toulouse (arrivé le 01/03), avion bien sûr

Le Je 02/02, on traîne un peu ce matin car le bus n'est qu'à 13h30, on fait les derniers préparatifs… Puis gare routière, pliage des vélos (où on nous fait payer le double étant européen ou touriste ? Bref, toujours un peu d'arnaque. Les bus sont confortable en tout cas, rien à voir avec les bus de grandes lignes en Europe ! C'est la grande classe. Pas de trains dans ces pays (très peu en tout cas), c'est le bus qui est privilégié, les gares routières sont énormes. Aussi grand en taille que les gares en France. On part pour Mendoza, en passant par Neuquèn. Les paysages sont jolis même s'ils deviennent vite désertiques dans la pampa argentine, on longe en partie le Rio Limay…

Le Ve 03/02, on arrive à Mendoza après presque une journée de bus, vers 8h30, la journée est belle, on se sent quand même regardé à notre descente. Bizarre, et il aurait fallu s'en doutait, beaucoup de charognards dans le coin, les prophètes nous avez prévenu, et à deux avec toutes ces bagages…
Bref il fait chaud et humide, drôle de climat, on est à quelques dizaines de kilomètres à l'est de la Cordillère des Andes et de l'Aconcagua, plus haut sommet des Amériques nord et sud compris ! on récupère les vélos et on les remonte puis on part dans Mendoza où on pose nos affaires à l'hôtel Savoy, que l'on trouve " par hasard ", petite chambre où le ventilateur plafonnier s'affole. On part ensuite pour une grande marche dans la ville, où on passe plus inaperçus, les sacs posés. On pourrait être dans une grande ville espagnole, les rues sont grandes, à angle droit.
On va au bureau du parc de l'Aconcagua, différents magasins de location de matériel, internet… Il y a beaucoup d'obligations et de formalités pour cette ascension et ce petit caprice physique va nous coûter cher, mais comme nous sommes là… Un sommet à quasiment 7.000 m, sans besoin d'escalader…

Le Sa 04/02, la journée est bien remplie et efficace, nous avons été bien délesté entre le prix du permis pour l'ascension et la location du matériel (tout en cash bien sûr, sans doute de la corruption et de la fraude derrière tout ça). On doit donc faire le " virement " pour le permis dans un western union (pas de facture) puis payer en cash au bureau du parc provincial de l'Aconcagua. Dans le magasin de location, un français y travaille, en saisonnier, avant de faire eux-mêmes l'ascension avant la fin de la saison.
On retourne ensuite à l'hôtel où on dépose pas mal de matériel puis on part faire les courses à un carrefour ! On retourne ensuite à l'hôtel où on met un sacré bazar ! Il y en a dans tout le couloir, heureusement la famille qui tient cet hôtel est fort sympathique et ne nous en veut pas. On arrive à tout rentrer dans les sacs ! On a quand même prévu de prendre une mule, la pauvre va nous porter 60 kg ! Je culpabilise quand même.
Vers 22h30, on sort dans Mendoza pour faire un petit tour sur internet et manger, la ville est animée et les enfants sont encore loin d'être au lit même s'il est minuit passé. Nous vivons à l'heure argentine dans la douce torpeur de la ville. On ne se couche le soir que vers 3h !

Le Di 05/02, la nuit a été courte. Les sacs sont vraiment lourds et c'est dur pour Delphine. On achète encore des choses qu'ils nous manquent : briquet, gaz… et on passe au magasin chercher les piquets de tente. Il ne nous manque qu'un réveil. On a quand même bien gérer la logistique en même pas deux jours de temps à Mendoza, sans aucune information avant. Pas mal efficace.
De l'hôtel on prend un taxi pour la gare routière et le bus pour l'Aconcagua. Le chauffeur de taxi ne manquera pas de nous arnaquer (il ne nous rend pas la monnaie sur l'équivalent de 30€ (c'était que 5€ normalement), toujours des profiteurs ! On a 150 kg à transporter. Nos vélos sont restés à l'hôtel, ils nous les gardent gracieusement, quand même des gens sympas. Et on a laissé le matériel de vélos au magasin de location (normal quand même, vu le prix de la location des affaires). A la gare on rencontre Sébastien, un québecois sympa qui fait aussi l'ascension, il est venu ici exprès pour ça.
Dans le trajet, la vitre du bus s'explose ! Suite au choc avec un poteau électrique ! Il roule n'importe comment ! On s'éloigne donc pour prendre une place derrière. Le paysage est sec et aride en grimpant vers la Cordillère des Andes. On arrive à Los Penitentes vers 20h où on trouve notre loueur de mules et où on reste dans son auberge pour la nuit. Delph a pris beaucoup trop d'affaires. Il va falloir l'aider.

Le Lu 06/02, la nuit fut bonne, on s'occupe bien de nous et le petit déjeuner est le bienvenu. On range et pèse nos 60 kg en trois sacs de 20 kg pour la mule. Il me reste ensuite 43 kg à porter et 35 kg pour Delph.
Vers midi on nous emmène à l'entrée du parc, à Horcones, à environ 2900 m d'altitude. Il est 13h quand nous commençons à marcher, il y a un grand ciel bleu, on est vraiment bien chargé, c'est dur pour Delph, je prend donc de l'avance, pose mon sac et reviens vers Delph pour prendre son sac, … et on recommence… On marche à petits pas et on s'arrête souvent, la vue est belle sur l'Aconcagua, le vent est dans le dos, les paysages sont arides et caillouteux.
On longe le Rio Horcones, de couleur jaune de la terre. On arrive vers 17h quand même à Confluencia (environ 3400 m) où on retrouve Sébastien. Avec Delph on se met d'accord et on décide de louer une mule supplémentaire.

Le Ma 07/02, c'est une belle journée qui s'annonce, on se lève vers 8h et on part de Confluencia vers 10h pour rejoindre Plaza Francia (à environ 4100 m) à travers un paysage lunaire et désertique. Le Rio Horcones que l'on suit au début est de la couleur de la terre, jaune-marron. J'ai un petit sac à dos et Delph ne porte rien mais elle reste encore fatiguée de la dure journée la veille. C'est une journée d'acclimatation. Nous longeons le Ventisquero Horcones Inferior, glacier descendant de l'Aconcagua, entouré de montagnes aux sommets avoisinant les 5500 m. La roche est rouge orangée, grise et verte, le Soleil de plomb et le ciel limpide.
Arrivés à Plaza Francia, Delph est bien fatiguée et a quelques maux de tête, les doigts qui gonflent. Quelques avalanches sur l'Aconcagua. Puis c'est le retour à Confluencia où on revient vers 18h30 et Delph nous prépare une très bonne salade et on retrouve Sébastien qui a fait la moitié du chemin vers Plaza de Mulas pour déposer la moitié de ses affaires (30 kg) comme il a choisit de ne pas prendre de mule. La nuit tombe vite, le calme règne.

Le Me 08/02, Delph n'a pas beaucoup dormi, debout à 5h30 elle décide de partir de bonne heure à 7h30 à la fraîche et ne m'attend pas, sans doute est-elle inquiète ? Elle part donc avec un groupe de chiliens. Ca grimpe bien au début puis ça redevient un faux plat le long du Rio Horcones Superior. Ce sont de grands espaces dénudés et arides, désertiques avec des montagnes rouges ocres de chaque côté, des groupes de mules passent de temps en temps. La journée est magnifique mais le vent est frais et de face, entre glace et terre. Puis c'est la montée depuis Piedra Ibanez, puis une dernière belle montée avant d'arriver à Plaza de Mulas à 15h30.
On rejoint notre zone de campement chez " Landro ", les mules sont bien arrivées aussi avec nos affaires, pauvres mules. On range, on monte la tente, on mange et à 21h on fait un grand dodo.
Plaza de Mulas (4400 m) est un véritable camp de base, un petit village. Plateforme obligé pour l'ascension de l'Aconcagua par la voie " classique " et nécessaire pour l'acclimatation.

Le Je 09/02, la nuit fut bonne. La journée est encore bien ensoleillé, on se repose, on prend le petit déjeuner, on fait un tour pour une visite médicale et vérifier la saturation. Tout va bien, on est dans les normes pour cette altitude (pour Delph, 18/7 de tension, 90 de saturation en oxygène, 70 en fréquence cardiaque). On passe aussi sur internet… Bref on s'acclimate. On est un peu essoufflé quand on fait quelque chose, sieste.
On retrouve aussi Sébastien qui s'est fait voler beaucoup d'affaires, toute celle qu'il avait déposé et n'a retrouvé qu'un sac de merde déposé à la place ! Sans doute les muletiers. C'est dégueulasse, lui qui venait exprès pour ça, il pense quand même continuer. Ca lui fait un sacré trou financièrement aussi !
On est là pour le soutenir. La journée passe vite dans ce village de tentes (une centaine au moins), c'est un chouette endroit avec une vue magnifique sur le massif de l'Aconcagua et le glacier Horcones.
On prépare aussi nos sacs pour demain, c'est marrant cette petite vie organisée dans ce campement mais l'eau est un peu un problème, et on n'a pas de douches pendant presque trois semaines. Le soir les montagnes se teintent de rose et de rouge à mesure que le Soleil se couche.

Le Ve 10/02, le réveil se fait à 18h, on se prépare tranquillement et on décolle à 10h, la journée est magnifique et dès que le Soleil chauffe on se sent revivre. On monte aujourd'hui mais doucement comme un escargot pour ne pas se trouver essoufflé, c'est difficile et le poids a aussi son importance, on va jusqu'au Campamento Alaska (à environ 5300 m). on a une étrange sensation de faiblesse et de manque d'énergie mais petits pas par petits pas on avance quand même. On fait une pause au Campamento Canada, la marche se fait aussi avec Sébastien, notre québecois. On arrive quand même au Campamento Alaska après seulement 4h de marche, pour 900 m de dénivelés positifs.
Arrivés au Campamento Alaska, on y laisse un gros sac de mule avec des provisions, on ne peut tout monter en même temps, physiquement se serait très dur. Et ça permet aussi de s'acclimater. Ensuite on redescend et ça va tout seul. On arrive en fin d'après-midi au camp de base de Plaza de Mulas.
Après c'est le dîner, du riz…, puis la nuit tombe vite et la soirée est calme.

Le Sa 11/02, journée de repos et d'acclimatation. En fin de journée le temps se couvre sur l'Aconcagua et il se met à neiger, le calme règne. Espérons que ça dure.

Le Di 12/02, nous ne sommes pas vraiment décidés à partir, le ciel gris et la neige contrarient un peu les plans, pourtant la tente est pliée et les sacs à dos sont prêts. On finira quand même par y aller vers 11h30. Doucement, doucement, avec nos doubles bottes on avance encore plus lentement. On retrouve le Campamento Canada puis on continu sur le Campamento Alaska. On retrouve Sébastien au Campamento Alaska. Tous les deux, avec Delph, ont le mal de montagne, c'est-à-dire mal à la tête et les cachets d'aspirine s'imposent (ou semblent nécessaire) pour eux. Je n'en aurais pris aucun sur ces 18 jours.
Il fait bon la nuit, quoique frais ! C'est chouette de se retrouver là. On fait fondre la neige pour pouvoir boire. La nuit le ciel est claire et les étoiles scintillent sur l'Aconcagua.

Le Lu 13/02, grosse nuit de sommeil ! Le froid n'aide pas à se mettre en marche. Le Soleil fait son apparition hors des montagnes vers 9h15 et nous donne le courage de nous lever. On prépare les sacs, petits déjeuners et fonte de la neige. On décolle pour Nido de Condores (à environ 5600 m) vers midi. C'est très dur pour Delph (courageuse tout de même). On fait une bonne pause à Nido de Condores où on laisse à nouveau un sac de nourriture. On continue un peu, sans sacs, à monter, histoire de s'acclimater, puis on redescend jusqu'au Campamento Alaska, et soirée tranquille entre neiges et éclaircies.

Le Ma 14/02, c'est la Saint valentin ! on fait les préparatifs du matin, faire fondre la neige pour avoir de l'eau, petit déjeuner, vaisselle dans quelques centilitres d'eau bien froide, puis on remballe notre barda pour monter à Nido de Condores.
La journée est belle, un peu venteux, on part vers midi, et arrivé à Nido je reviens sur mes pas pour aider un peu Delph à porter son sac à dos.
On recommence notre rituel, montage de tente, fonte de la neige… C'est un peu dur de manger, vue l'altitude, on n'a pas trop faim alors qu'il faudrait manger ! Mais le cœur ne nous le dit pas. L'après-midi passe vite, et la fatigue est là. On élabore différentes stratégies pour le sommet mais vue les prévisions météo et le mauvais temps annoncé on va devoir tenter le sommet jeudi. Drôle de vie à 5500 m d'altitude. La nuit on doit dormir avec plusieurs épaisseurs et ne pas oublier de mettre l'eau dans les sacs de couchages, avec les chaussures, pour ne pas que ça gèle la nuit !

Le Me 15/02, c'est parfois difficile de dormir pour Delph, et parfois encore plus pour elle avec le froid (parfois non, parfois oui), bref la vie de montagne est belle mais dure. On se lève vers 9h30 pour faire fondre la glace, prendre le petit-déjeuner, il y a du vent mais le ciel est clair. L'idée est de laisser les tentes et de dormir au refuge Berlin (à 5900 m environ). Pour d'autres, comme les chiliens que nous avons croisé et avec qui Delph a bien sympathisé, le sommet et son ascension de l'Aconcagua se fait depuis Nido de Condores, avec un départ dans la nuit vers 2-3h du matin ! Trop dur pour ma part.
On prend donc le minimum, juste pour faire le sommet et on part pour faire ce plan, avec Sébastien. Tout se passe bien et Delph a retrouvé un peu de forme. On arrive au refuge Berlin vers 16h où on retrouve Sébastien qui nous a gardé notre place dans l'abri et on va voir le chemin en prévision du sommet demain. Soirée tranquille et fonte de la neige bien sûr.

Le Je 16/02, Delph a un petit désavantage, gros désavantage, c'est une fille, et ses problèmes de fille arrive ce matin ! On se réveille pourtant vers 6h pour faire cette ascension. Il fait frais et on est bien dans cet abri, on commence par la fonte de la neige, comme d'habitude. On part à 8h30. C'est la grande forme pour moi, mais tout le contraire pour Delph et arrivés à 6100 m environ Delphine n'en peut plus, elle ne peut plus trouver la force pour avancer. J'hésite beaucoup à continuer car je sens que j'ai toute mes forces et que j'ai de très bonnes sensations. Mais que faire ? Delph n'est pas bien et ça m'inquiète qu'elle redescende seule, et on est parti en couple, elle-même hésite à me dire si elle veut que je continu ou non, et si je vais au sommet aurais-je envie d'y retourner avec Delph si on le décide dans quelques jours ? De même Delph aura-t-elle le courage de le retenter si je l'ai déjà fait et même si je suis prêt à le refaire pour elle ? Bref, je décide de rester avec elle et de se reposer ensemble (euh non, Delph ne m'attend que très rarement dans les descentes, beaucoup plus dur pour moi à cause du poids du sac, enfin).
Sébastien reviendra vers 20h après avoir fait l'ascension. Il est très fatigué et aura pris 16 cachets d'aspirine en une journée !

Le Ve 17/02, il y a trop de vent aujourd'hui pour refaire une tentative d'ascension, Delph a toujours ses ennuis de fille (perte de fer, problème pour l'oxygène). C'est aussi son anniversaire. Il est déjà midi quand on part. On rejoint Nido de Condores où les tentes sont sagement restées debout malgré le vent. Après discussions on décide de laisser à Nido un sac de mules avec des provisions en vue de refaire une ascension dans quelques jours.
On continue donc la descente, on se sent bien faible, on récupère un sachet popo (il faut tous les ramener à l'entrée du parc) à Alaska et on arrive vers 17h à Plaza de Mulas. Soirée apéro avec Sébastien qui est épaté que nous ayons amené du vin si haut, puis petite pizza et internet pour l'anniversaire de Delph et ses 31 ans.

Le Sa 18/02, il a encore bien soufflé le vent cette nuit ! On prend le petit-déjeuner dans la tente en attendant que le Soleil ait passé les montagnes et réchauffe l'atmosphère, à 9h30 pour nous permettre de sortir de notre abri. La forme est bien revenue pour Delph, on se sent mieux à 4300 m qu'à 6000 m. Journée tranquille, un peu de tension pour savoir si on continue ou pas. On décide donc d'y retourner. Mais j'ai du mal à encaisser le retour et la fatigue arrive, ça fait longtemps qu'on est là, je commence à me lasser, Delph elle a à nouveau la grande motivation.

Le Di 19/02, c'est une belle journée qui s'annonce après le petit-déjeuner sous la tente comme il est 8h et que le Soleil n'a pas encore passé hors des montagnes. Puis c'est le rangement habituel : duvet, matelas de Delph, nourriture, vêtements, tente. On remet nos grosses bottes et vers 11h on se met en chemin que nous connaissons bien maintenant, c'est d'ailleurs plus facile, il ne faut donc pas se presser en fait. Nous ne sommes pas spécialement plus rapide mais on souffre moins. On arrive vers 18h donc " facilement " à Nido de Condores, ce qui n'aurait pu être aussi simple, voir très difficile il y a cinq jours seulement. Notre sac à mule plein de nourriture et avec le gaz est toujours là. On remonte la tente, on fait fondre la neige pour manger et boire…
Les couleurs sont magnifiques sur l'Aconcagua et le vent est calme.

Le Lu20/02, on connaît les lieux, on est moins surpris et désorienté, la nuit a été bonne et la journée s'annonce très belle encore. On fait nos préparatifs matinaux et on entame la montée que nous connaissons, du coup on est aussi plus efficace et on est bien mieux acclimaté. Petite embrouille au refuge berlin où on retrouve notre abri mais un couple de vieux américains, retraités qui se veulent toujours privilégiés, nous disputent l'abri. Finalement on leur laisse, ils sont bien cons ceux-là, on en serait presque venu aux mains ! Et on va dans l'autre abri, moins confortable et bien plus sale (la raison pour laquelle ils ne voulaient pas y aller). On retrouve dans l'autre refuge un petit papi polonais bien plus sympathique !
L'après-midi est tranquille, on fait fondre la neige ce qui prend beaucoup de temps, ça permet aussi à Delph de se réchauffer les mains. On mange comme on peut même si l'appétit n'est pas au rendez-vous. On se couche assez tôt. Un autre papi polonais arrivera plus tard pour prendre sa place, il est bien fatigué.

Le Ma 21/02, le réveil se fait à 6h grâce à notre voisin polonais mais ce n'est pas la grande forme de mon côté, contrairement à il y a quatre jours et contrairement à Delphine qui cette fois-ci " saute en l'air ". On entame la première montée jusque 6100 m, là où nous avions arrêté la fois dernière, pfff, c'est dur pour moi, chaque pas est d'une fatigue et lourdeur. Bref, je connais quand même mon corps et sais que des fois il peut avoir des moments de mieux, je m'économise pour le moment venu, s'il vient, en tout cas je suis comme " lourd " et bloqué, très fatigué. Mais on fera avec. Je décide donc de continuer même si à mon allure ça va être très compliqué et juste d'arriver au sommet ! je propose à Delph de me laisser et partir de l'avant mais elle préfère qu'on reste ensemble.
La journée est belle comme prévue, demain il devrait faire encore meilleur ! la météo est donc bien de notre côté, et on n'a donc rien à craindre, nous ne sommes pas pressés par elle. On croise cependant un groupe qui redescend car ils trouvent qu'il y a trop de vent, nous poursuivons et arrivons au refuge Independancia à près de 6300 m d'altitude. De mon côté je fais des pauses régulièrement, toutes les heures, de 10-15 minutes pour manger et boire. Delph a toujours la forme. Je marche avec mon rythme de fatigue chronique qui me suivra toute la journée. Je garde ce rythme de croisière, comme en vélo quand je suis sous-alimenté et qu'il me reste plusieurs dizaines de kilomètres à faire, l'expérience, la mémoire de ces efforts inscrite quelque part dans mon esprit me permette de trouver cette force nécessaire pour ne pas faire demi-tour.
On arrive vers 15-16h sur la traverse, on est en retard de près de deux heures. La traverse est redoutée quand il y a du vent mais ce n'est pas le cas aujourd'hui contrairement à la météo prévu. A 17h on fait une pause sur la moitié de la traverse, on croise un groupe dont le guide nous dit de faire demi-tour, il est trop tard… Delph hésite, je lui dit que je peux continuer seul et que je compte continuer jusque 20h et redescendrais en partie avec la frontale, elle préfère encore rester avec moi.
On attaque la Canaleta, chemin de glace presque abrupte, vers 18h-19h. Les crampons sont bien utiles maintenant. Il est 20h mais je décide encore de continuer, on est si près du sommet, il fait nuit vers 21h30, je décide donc de continuer jusque 21h puis faire demi-tour pour quand même descendre la Canaleta en partie avec la lumière du jour car on n'a jamais descendu avec des crampons et sur la glace ! Et apparemment il nous faudra une bonne heure pour faire cette descente (s'agit pas de tomber). Avec les crampons c'est très facile en montée, mais qu'en est-il en descente ? Delph a encore le choix, je ne la retiens pas, elle peut faire demi-tour mais préfère encore rester avec moi.
On atteindra presque le sommet, peut-être sommes nous à environ 6900 m (le sommet de l'Aconcagua est à 6960 m). Mais nous n'y sommes pas. Pour moi, pour dire que l'on a fait l'ascension, il faut atteindre le sommet et revenir (en entier) chez soi. Donc non, je n'ai pas atteint le sommet de l'Aconcagua, du plus haut sommet des Amériques. C'est comme ça, peut-être, sans doute vue ma forme, cela aurait été possible il y a cinq jours. Sans doute, seule, Delphine aurait aussi pu le faire aujourd'hui vue sa grande forme. Mais on a choisi de rester ensemble, en couple, et voilà, il faut faire avec la forme du moment de l'autre et nous ne pouvons toujours être bien synchronisés. Ce fut tout de même une bonne expérience, sauf que si c'était à refaire, il faudrait passer 10 jours ailleurs pour s'acclimater et éviter les sentiments de monotonie.
Le Soleil se couchant, Delph me dit " bon on y retourne maintenant ?! ", je réponds " ok ", et on entame alors la descente. La nuit tombe vite mais on se débrouille bien avec la frontale, les crampons aident vraiment bien à la descente, c'est très efficace et en fait on y arrive très bien (on aurait pu aller jusqu'au sommet).
Au refuge Independancia, je propose à Delph d'y rester pour dormir, il est presque minuit. Mais Delph veut retourner au refuge Berlin, j'insiste mais il n'y a rien à faire, on continue donc ensemble, on faillit presque de prendre un mauvais chemin, on retrouve le bon puis, plus de chemin ! Où sommes-nous donc ? Ce n'est pas sérieux de poursuivre, heureusement il fait beau, pas trop froid, et on décide donc de rester à ce spot à 6200 m pour y passer la nuit. J'arrive quand même à dormir malgré le froid (peut-être moins 15°C la nuit), ce n'est pas le cas de Delph qui passera une nuit blanche malgré ma tentative de construction d'abri de fortune avec les pierres, c'est que le vent souffle bien.

Le Me 22/02, on retrouve le Soleil, Delph qui n'a pas dormi part tout de suite vers 6h pour le refuge Berlin, le chemin est en fait juste à côté, il prenait à l'endroit du dodo la forme d'un V, ce qui explique pourquoi nous ne trouvions plus de chemin. Le papi polonais du refuge Berlin s'est un peu inquiété pour nous, lui décide de tenter le sommet. Nous redescendons au camp de basse de Plaza de Mulas, Delph devant, et moi derrière avec le gros sac, elle est pressée et m'abandonne, je fais des pauses régulières, toujours aussi fatigués, j'ai l'impression que seul mon poids, et le fait que ça descende, me fait avancer ! On refait un petit dodo au refuge Berlin, Delph redescend à 11h et moi à 13h. Delph arrivera à 17h au camp de base et moi à la tombée de la nuit.
On donnera plein de nourriture, notamment à un couple de polonais qui viennent d'arriver pour faire l'ascension. Le camp est maintenant bien tranquille, c'est la fin de la saison, c'est bien plus calme et il fait aussi bien plus frais ! La soirée est tranquille, on fait les sacs pour le lendemain et faire la descente.

Le Je 23/02, il neige à nouveau ce matin sur l'Aconcagua, on prend le petit déjeuner sous la tente et on range dans nos sacs toutes nos affaires délestées d'au moins 10 kg de nourriture que l'on donne. On dépose nos sacs de popo et on entame la descente avec le couple d'américains déjà vu et avec qui on s'était embrouillé au refuge Berlin, décidément, les retraités, eux ont pris des mules donc ils sont légers. Le sac de Delph pèse dans les 25 kg et le mien peut-être 30 kg ? Deux vrais boulets qui nécessiteront de fréquentes pauses pour se soulager les articulations.
Les paysages sont de plus en plus hostiles, l'hiver approche à grand pas, on ne croise presque personne qui entame la montée vers Plaza de Mulas, c'est déjà la fin de saison. Beaucoup de groupe de mules qui font la descente, les muletiers ne respectant pas toujours les consignes (il est normalement interdit de " frapper " sur les mules pour les faire avancer plus vite).
On s'arrête finalement à Confluencia (nous n'irons pas comme prévu jusque l'entrée du parc à Horcones), il faudra encore attendre pour prendre la douche. C'est calme, le campamento est presque vide. La nuit est bien étoilée.

Le Ve 24/02, réveil matinal pour un départ à 8h en espérant attraper le bus de 11h, Delph qui porte moins de poids me laisse encore et prend de l'avance. Arrivé à Horcones, je poursuis jusque Puente Del Inca où on prend le bus juste à temps ! Arrivés à Mendoza après 4 heures de bus, on prend le taxi (sans aucune arnaque cette fois) et on retourne à notre hôtel où on retrouve nos vélos… C'est enfin l'heure de la douche. On nous presse de venir rapporter nos affaires au magasin de location, on les ramène le jour prévu. On retrouve le français qui va s'engager sur l'Aconcagua, bien tard dans la saison.

Le Sa 25/02, le Savoy hotel est tenu par une très gentille famille, qui ne cherche pas à profiter des touristes ! Chose rare. Ils ont gardé une journée de plus nos vélos et sacs pour que nous puissions gambader dans la ville. Delph a pas mal de petites choses à ramener pou sa famille et pour elle. On passe sur internet (où Delph aura l'heureuse idée de copier presque toutes mes photos, très chouette comme dans 4 jours je me les ferais toutes voler à Santiago du Chili) et bon resto dans la chaleur de la ville. On se remet de l'Aconcagua et on refait un peu de gras ! Car on ne sait pas combien on a perdu de kilos mais on a plus que la peau sur les os, ça craint, je fais aussi quelques sauts pour acheter des hamburgers !
On rejoint enfin la gare routière pour prendre le bus pour Valparaiso, nous ne sommes qu'une petite dizaine dans le bus ! A la douane entre l'Argentine et le Chili, les chiliens enlève à Delph ses belles pommes et ses cacahuètes achetées dans la journée… Nous avions oublié cette restriction stupide.

Le Di 26/02, nous arrivons à 5h30, il fait encore nuit et nous restons à la gare routière jusque 8h30. Nous partons ensuite par nous-même nous balader dans la ville de Valparaiso, c'est dimanche et donc tout est calme au Chili (une grosse différence avec l'Argentine où ça bouge toute la semaine), ici donc beaucoup de magasins fermés.
Ca sent aussi la mer. On trouve aussi un hôtel où nous pouvons laisser nos vélos et sac pour repartir déambuler dans la ville. Tout est contraste et couleurs, les habitations un peu délabrées sont égayées par de belles peintures murales et colorées, il se dégage une agréable ambiance. Encore un petit resto et une bonne sieste. On ressort le soir et c'est le carnaval pour enfants, beaucoup de monde, de manèges… Tout ça sent la société de consommation et l'occidentalisation, beaucoup de jouets venant de Chine…

Le Lu 27/02, on prend le petit-déjeuner dans la chambre de l'hôtel avant d'aller chercher les petites choses qu'il manque : scotch, livre, sac, recherhce de pneus… avant de rejoindre la gare routière. On s'y échappe, en laissant les vélos attachés à un poteau, je ne suis pas trop d'accord pour faire ça, et on part manger un sandwich, à notre retour les vélos ont disparus ! Angoisse, on interroge et finalement se sont les vigiles de la gare qui les ont " confisqués " comme des objets perdus, pourtant attachés, ils nous mettent en garde contre les vols, je les soupçonne d'être eux-mêmes d'hypothétiques voleurs.
On prend le bus ensuite pour Santiago du Chili, il fait chaud. Arrivés là-bas, Delph part dans la gare routière pour des infos, je garde les quatre sacs et les deux vélos et j'assiste pendant ce temps au vol à l'arraché d'un collier d'une chilienne, personne ne bougera, un type cherchera aussi à me faire une sorte de diversion, je ne bouge pas et garde l'œil sur nos affaires. Ambiance tendue.
La capitale du Chili est moderne et n'a pas grand-chose d'authentique et n'est pas forcément à notre goût. On ne trouve une chambre qu'à l'hôtel Ibis près de la gare routière (en Amérique du sud, il y a de nombreuses gares routières, parfois, comme à Santiago, il y en a plusieurs, chacune est grande comme une gare ferroviaire en France, c'est énorme, pas de trains ici, beaucoup voyage en bus, lesquels sont très confortables et modernes, bien plus que chez nous). A l'hôtel ils nous demandent nos cartes d'identité et passeports qu'ils photocopient (ce sera bien utile pour demain après le vol du passeport).

Le Ma 28/02, ambiance délicate avec Delph car on doit normalement se séparer aujourd'hui, de mon côté je reprend l'avion qu'à Lima, au Pérou, j'ai déjà le billet de retour et compte faire un mois de vélo, passer deux ou trois cols à plus de 4.000 m, aller à Cuzco, au Machu Picchu, au lac Titicaca, au désert d'Atacama… Bref un bon programme avec environ 150 km de vélos par jour. Mon sac est prêt. Cependant on est devenu bien complice et je vois bien que Delph est triste alors je cherche pendant que Delph attend le bus à la gare routière sur internet pour un billet d'avion mais tout est complet ou très cher ! Je reviens donc la voir pour lui dire que je vais l'amener à l'aéroport et verrais sur place s'il y a quelque chose. On s'embrasse dix secondes et quand je me retourne pour prendre une cigarette dans mon sac laissé juste deux mètres derrière moi, avec les deux autres sacs à Delphine et les deux vélos, mon sac a disparu, volé ! Coup du sort, trop plein évacué depuis ces deux derniers jours ? Delph qui pouvait tout voir avait les yeux fermés, je demande au type derrière, resté à côté des sacs, il a forcément tout vu ! Il fait mine de rien, on parle mal espagnol, il n'y a rien à en tirer, peut-être un complice ou non, ici on vole beaucoup les européens, les gringos ! J'enfourche mon vélo pour tenter de retrouver le porteur, mais il y a beaucoup de monde, le métro proche, le marché, les taxis… Je reviens après 15 minutes d'avoir tourné autour de la gare dans les grandes rues et petites ruelles. Rien.
Delph prend son bus comme convenu. Il ne me reste plus que les vêtements que je porte, ma carte de crédit, mon appareil photo et mon vélo ! Je vais donc voir les vigiles de la gare, ils n'ont rien vu, il y a pourtant des caméras ! Mais il faut une autorisation du commissariat, je vais donc déposer plainte et déclarer le vol des papiers… Une fois avec la feuille je retourne à la gare routière, on me montre les vidéos, d'abord ce ne sont pas les bonnes journées, puis arrivé à la bonne journée les caméras n'ont fonctionné que l'après-midi, elles étaient en réparation, toute, le matin, est-ce vrai ? Bref, la police me dit qu'il y a aucune chance de retrouver mes affaires. C'est con ! Seul on est beaucoup moins distrait et d'habitude j'ai toujours mon sac à dos avec moi, sinon je m'en sert comme tabouret ou l'ai juste à côté de moi. Je ne suis pas près de l'avaler et j'aurais la boule au ventre pendant un mois, c'est 5.000€ de perdu et la fin de mon voyage. Je décide de repartir, ça ne sert à rien de rester, je n'aurais pas le temps d'aller à Lima, et il me faudrait passer une semaine à Santiago pour rechercher tout le matériel… que l'on m'a volé. C'est la première fois que ça m'arrive. Je vais donc à l'ambassade après avoir, en réclamant, récupérer la photocopie de ma carte d'identité à l'hôtel Ibis. On me fait rapidement un passeport provisoire d'urgence, personne dans le personnel de l'ambassade n'a l'air surpris de mon vol, tous sont bien gentils, je vais sur internet où je trouve un billet d'avion, et retourne en fin d'après-midi à la gare routière pour attendre le bus pour l'aéroport, je fais exprès d'attendre et observe bien, il y a des types comme monsieur tout le monde qui vont de quais en quais au gré des arrivés pour voir qui arrivent… Un couple d'européen, le jeune téléphone avec son portable puis d'un téléphone fixe… bizarre, on les repère facilement. Ensuite j'arrive à l'aéroport pour y passer la nuit comme d'habitude et prendre l'avion le lendemain. C'est la première fois que j'ai si peu d'affaire et suis si léger !

Le Me 29/02 et le Je 01/03. Je reprends l'avion avec une halte à Sao Paulo et à Lisbonne. Puis j'atterris à Toulouse, le train ensuite pour Gourdon, où j'arrive chez mes parents… Drôle de fin, triste retour. Mais déjà on conçoit le projet d'un bébé…






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